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Vendredi 114 : le Hirak maintient la mobilisation

Vendredi 114 : le Hirak maintient la mobilisation

Les Algériens ont encore marché en très grand nombre ce vendredi 23 avril, 114e du Hirak populaire. Des manifestations ont eu lieu à Alger et dans de nombreuses villes du pays : Oran, Tizi-Ouzou, Bejaïa, Sétif, Annaba, Bouira, Constantine, Skikda, Jijel, Bordj Bou Arréridj, Tlemcen, Mostaganem, El Oued…

Les Algériens étaient de nouveau nombreux à descendre dans la rue, comme ils l’avaient fait la semaine dernière malgré le jeûne et les fortes pluies qui s’étaient abattues sur plusieurs régions du pays.

Que les gens manifestent malgré le jeûne et les autres aléas n’a rien de nouveau. En 2019, an I du Hirak, ils avaient marché sous toutes les conditions : ventre creux pendant le ramadan, chaleur suffocante de l’été, froid et pluies diluviennes de l’hiver, répression…

Sauf que ce qui se passe cette année est différent. Depuis la reprise des manifestations en février dernier après près d’une année de suspension, la mobilisation gagne en importance, notamment ces dernières semaines, avec des messages politiques précis.

Ce vendredi, à Alger, les déferlantes se sont succédé jusqu’à constituer une marrée impressionnante dans le centre-ville, dans les environs de la Grande-Poste et tout le long de la rue Didouche-Mourad.

La procession qui vient de Bab El Oued et des quartiers ouest de la capitale est encore plus compacte ce vendredi. Malgré l’impossibilité de filmer à partir de la rampe Mustapha-Benboulaïd, occupée pour le quatrième vendredi de suite par une longue file de camions bleus, les images dérobées à partir d’autres endroits surélevés expriment nettement l’ampleur de la mobilisation, malgré un contexte plus que difficile.

(Crédits : DR)


Une sorte de défi et de détermination devant tous les aléas auxquels fait face le mouvement populaire, comme à chaque fois qu’approche une échéance électorale.

Dans les conditions et le contexte actuels, maintenir un tel niveau de mobilisation relève de la prouesse, avec un message on ne peut plus clair : il faudra bien plus que tout ce qui a été fait jusque-là pour tordre le coup à un mouvement dont la mécanique demeure impénétrable.

Pourtant, ce qui a été tenté jusque-là n’est pas négligeable, particulièrement ces dernières semaines où les arrestations et incarcérations se sont de nouveau banalisées et les manœuvres de diversion et de division se sont multipliées.

Casbah-Bab El Oued toujours en force

Depuis début avril, soit en 20 jours, près d’une quarantaine de manifestants et d’activistes ont été incarcérés. Même lors de la vague de répression de l’été 2019 qui avait notamment visé les porteurs du drapeau amazigh, il n’y a pas eu autant de mises sous mandat de dépôt en seulement deux semaines.

A cela s’ajoutent tous les débats soulevés sur la pace de certaines mouvances idéologiques dans le Hirak, les accusations proférées envers des composantes du mouvement, la tentative de raviver le discours stigmatisant la Kabylie, l’une des places fortes de la contestation.

Cette semaine, SOS Bab El Oued, une association très engagée dans le Hirak en confectionnant notamment pancartes et banderoles pour les marches hebdomadaires, a été « démantelée » comme le serait une organisation hors-la-loi, accusée d’être financée de l’étranger et son président incarcéré.

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Au début du mois, 23 manifestants ont été arrêtés et emprisonnés après une tentative de marche à Bab El Oued justement. Ce vendredi, ils en sont à leur 16e jour de grève de la faim.

Ce fut ensuite au tour de Mohamed Tadjadit, du quartier voisin de la Casbah, d’être arrêté avec quatre autres activistes dans l’affaire du jeune S. Ch, en rapport avec la même tentative de marche du 3 avril.

La forte mobilisation de ce vendredi, particulièrement parmi les manifestants de Bab El Oued, est peut-être une réponse et un défi à tout ce qui a été tenté ces dernières semaines pour réduire l’ampleur de la vague qui vient chaque vendredi de ce quartier mythique d’Alger.

En tout cas, une manière de se solidariser avec les détenus, dont les portraits ont été largement brandis. Pas seulement ceux de Bab El Oued, mais tous ceux qui se trouvent derrière les barreaux pour des délits d’opinion, au nombre de 65 selon un décompte du Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Un chiffre appelé peut-être à augmenter au vu du nombre d’arrestations effectuées parmi les manifestants ce vendredi à Alger et dans d’autres villes. On parle d’une trentaine d’interpellations dans la capitale et d’une vingtaine d’autres à Oran, où les manifestants ont été encerclés par un impressionnant dispositif policier à la place d’Armes au centre-ville pour les empêcher d’avancer.

Il n’en reste pas moins que cette 114e journée de mobilisation populaire est un franc succès pour le Hirak. A retenir la mobilisation, le pacifisme des manifestants, leur insistance sur l’unité des rangs et leur unanimité à rejeter le projet du moment du pouvoir, soit les élections législatives du 12 juin prochain dont l’approche semble revigorer la contestation.

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