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Agressions sur le corps médical en Algérie : les arrestations se multiplient

Agressions sur le corps médical en Algérie : les arrestations se multiplient

En Algérie, qui fait face à une flambée du Covid-19, les agressions sur le corps médical se multiplient, les condamnations aussi. Depuis quelques jours, la justice se montre particulièrement ferme à l’encontre des auteurs d’agressions verbales ou physiques sur le corps soignant et même ceux qui filment et diffusent des vidéos jugées outrageantes pour les personnels de la santé.

La cadence des poursuites s’est accélérée depuis mardi dernier, 14 juillet, lorsque le Premier ministre a annoncé dans un communiqué l’élaboration, à la demande du président de la République, d’une loi réprimant les agressions sur les personnels soignants.

Le même jour, le ministre de la Justice Belkacem Zeghmati a instruit les procureurs généraux d’ordonner l’arrestation immédiate des auteurs de tels actes.

Le personnel médical s’est toujours plaint des agressions, mais il est particulièrement sous pression depuis le début de la pandémie de Covid-19, par la faute du comportement de certains parents de patients qui ont recours à la violence verbale ou physique à la moindre insuffisance constatée, exigeant une meilleure prise en charge ou demandant à sortir la dépouille d’un parent décédé du coronavirus avant même de connaître les résultats des tests PCR.

C’est un énième incident de ce genre qui a fait réagir les autorités au plus haut niveau de responsabilité. Lundi 13 juillet, le directeur de l’hôpital Mohamed-Boudiaf de Bouira a dû se jeter de la fenêtre de son bureau sis au 1er étage pour fuir la furie d’un groupe de citoyen. Les mis en cause ont vite été arrêtés par les services de sécurité. Présentés jeudi devant la justice, deux d’entre eux ont été placés sous mandat de dépôt et cinq autres sous contrôle judiciaire.

À Oran, la chanteuse connue sous le nom de Siham Japonia, jugée mercredi 15 juillet en comparution directe a écopé d’une peine de 18 mois de prison ferme et 120 000 Da d’amende. Elle était poursuivie pour outrage au staff médical du CHU de la grande ville de l’ouest du pays. La mise en cause avait filmé et diffusé une vidéo au sein du service des urgences du CHU, tout en proférant des insultes à l’adresse du corps médical et administratif de l’établissement.

Les services Covid-19, les plus touchés par le phénomène

Dans la même journée, le tribunal de Ferdjioua (Mila) a prononcé des peines allant de 6 mois à une année de prison ferme avec mandat de dépôt à l’encontre des auteurs d’actes de saccage à l’hôpital de la ville.

Un individu a été condamné à une année de prison ferme et deux autres à six mois fermes, en sus du paiement d’un dédommagement de 10 millions de centimes pour l’hôpital. Les trois individus avaient investi le service Covid-19 de l’hôpital Mohamed-Meddahi et ont sorti de force la dépouille d’un proche décédé du coronavirus, après avoir saccagé les lieux.

À M’sila, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrant une personne décédée laissée à même la terre dans le service Covid de l’hôpital de Sidi Aïssa, a particulièrement choqué l’opinion publique. Le wali a dénoncé une mise en scène et le Premier ministre a eu des mots très durs à l’égard des auteurs de la vidéo. « Vous avez vu ce qui s’est passé à M’sila ? Ils ont pris un mort, l’ont pris du lit, l’ont jeté par terre et l’ont filmé. Est-ce des humains ? Que veulent-ils montrer ? », s’est indigné Abdelaziz Djerad.

Deux des auteurs ont été placés jeudi sous mandat de dépôt et un troisième sous contrôle judiciaire pour « occupation de l’établissement public hospitalier », « diffusion d’informations erronées sur le réseau social Facebook » et « atteinte à corps constitué et non-respect des morts ». Trois autres personnes soupçonnées d’être impliquées dans cette affaire sont également arrêtées.

La veille, mercredi, deux individus avaient été placés sous mandat à Aïn El Melh, dans la même wilaya. Le premier a été arrêté après avoir tenté d’accéder de force dans le bureau d’un médecin de l’hôpital de la ville.

L’homme, qui était en état d’ébriété, a insulté et agressé à l’arme blanche un agent qui lui demandait des explications, lui causant des blessures.

Le second individu a été arrêté après une plainte du responsable d’un établissement de santé de proximité lui reprochant de vouloir pénétrer dans l’enceinte sans motifs.

Empêché par des agents de sécurité, il a proféré des insultes à l’encontre de ces agents, brisé la vitre de la porte de l’établissement et crevé les roues des véhicules se trouvant dans le parking.

Souk Ahras : plusieurs personnes arrêtées

À Souk Ahras, trois affaires du genre ont été traitées par la police en fin de semaine, se soldant par l’arrestation de six individus, selon la sûreté de wilaya.

La première affaire concerne l’agression verbale d’une infirmière en exercice de ses fonctions à l’hôpital de la ville. Deux jeunes ont été arrêtés.

Dans la deuxième affaire, trois repris de justice, âgés d’une vingtaine d’années, ont été arrêtés. Alors qu’ils étaient en état d’ivresse, ils ont accédé au service des urgences de l’hôpital et saccagé plusieurs équipements médicaux.

Enfin, un individu âgé de 30 ans a été arrêté alors qu’il brisait la vitre de la porte d’entrée de l’unité Covid-19, a détaillé la même source du même établissement.

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