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Alger refuse d’être mêlé à « la guerre froide » entre l’Arabie saoudite et l’Iran

Alger refuse d’être mêlé à « la guerre froide » entre l’Arabie saoudite et l’Iran

Le ministère algérien des Affaires étrangères a vivement réagi, dimanche 2 avril au soir, à des articles de médias iraniens relatant la visite à Alger, les 27 et 28 mars, de Reza Salehi Amiri, ministre de la Culture et de la Guidance islamique iranien, à Alger et de l’entretien qu’il a eu avec le premier ministre, Abdelmalek Sellal.

Des informations qualifiées d’infondées avec des propos « mal rapportés », selon le porte-parole du ministère Abdelaziz Benali Chérif, cité par l’agence officielle. « Cette rencontre a été l’occasion pour le Premier ministre d’exprimer le souhait de l’Algérie de voir l’Iran jouer un rôle positif dans sa région et constituer un facteur de stabilité et d’équilibre au Proche-Orient et dans le Golfe arabique », a-t-il précisé. M. Sellal a mis en avant la qualité des relations liant l’Algérie à tous les pays arabes dans le Golfe et le Machreq, « notamment avec le Royaume d’Arabie saoudite, pays frère et avait exprimé sa conviction que le dialogue était le seul moyen à même de surmonter les problèmes conjoncturels de l’heure », a affirmé le porte-parole des AE.

De retour à Téhéran, Reza Salehi Amir aurait déclaré, selon des médias iraniens, que les relations entre l’Algérie et l’Arabie saoudite ne doivent pas « influer négativement sur les rapports algéro-iraniens ». Le ministre a suggéré, indirectement, l’existence d’« une concurrence » entre Téhéran et Ryad dans les relations avec l’Algérie.

Les deux capitales se livrent actuellement à une bataille diplomatique, politique, économique et médiatique féroce. L’intervention militaire de l’Arabie saoudite au Yémen pour chasser les milices Houthis, considérées comme proche de l’Iran, et le soutien de l’Iran au régime de Bachar Al Assad et au Hizbollah libanais ont accentué la crise entre les deux pays. Ryad a tenté, à travers le Sommet de la Ligue arabe de Jordanie, tenu le 28 mars dernier, d’amener tous les pays arabes à dénoncer « l’interventionnisme » de l’Iran au Moyen-Orient et au Golfe persique, poussé par la nouvelle administration américaine.

Position équilibrée

Alger a toujours eu une position diplomatique équilibrée entre Téhéran et Ryad. Mais selon presse iranienne Reza Salehi Amir aurait dit qu’il a eu des assurances d’Alger pour le soutien de l’effort de l’Iran dans la lutte contre le terrorisme et le fanatisme au Moyen-Orient. Ce qui n’a pas manqué d’irriter Alger puisque Téhéran considère l’Arabie saoudite comme l’une des sources du fanatisme dans la région.

En effet, la perception iranienne du terrorisme n’est pas la même que celle de Ryad surtout concernant la situation en Syrie. Une partie de l’opposition sunnite syrienne est considérée comme des « groupes terroristes » par l’Iran. Ce n’est pas le point de vue de Ryad qui considère aussi que certains groupes et milices pro-iraniennes en Irak comme des « organisations terroristes ».

L’irritation de l’Algérie est accentuée par le fait qu’Alger a, dès le départ, refusé de se joindre, en décembre 2015, à l’Alliance militaire islamique antiterroriste crée par l’Arabie saoudite et rassemblant 34 États de l’Asie, du Proche-Orient et de l’Afrique.

Ryad et Téhéran critiqués dans les années 1990

La réserve algérienne vient du fait que l’Arabie saoudite, en quête de rôle de leader militaire et politique dans la région arabe, a voulu donner une coloration « sunnite » à cette Alliance avec l’idée de l’opposer au monde islamique chiite. Le groupe Daech, qui sème la terreur dans les pays arabes en Afrique, se revendique du sunnisme combatif.

Dans les années 1990, l’Algérie officielle avait ouvertement accusé le wahabisme saoudien d’être la matrice du fondamentalisme religieux qui a alimenté le terrorisme dans le pays. Durant la même période, Alger a eu une attitude méfiante vis-à-vis de l’Iran pour des raisons presque similaires. Les relations avec l’Iran n’ont été normalisées qu’après la visite du président Abdelaziz Bouteflika à Téhéran en 2003. Bouteflika s’est rendu à trois reprises dans ce pays (2003, 2008 et 2010). Des relations observées avec méfiance par Riyad.

En avril 2016, le président de la République a envoyé son conseiller spécial Tayeb Belaiz rencontrer le Roi Salmane d’Arabie saoudite pour expliquer la position de l’Algérie sur certaines questions dont celles de « l’Alliance antiterroriste » et du refus de considérer le Hezbollah comme « une organisation terroriste ».

Sur les plans diplomatique et politique, l’Algérie ne veut pas prendre position ou s’aligner dans la rivalité entre sunnites et chiites. Le Premier ministre a affirmé, selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, que l’Algérie respectait toutes les religions monothéistes et toutes les doctrines, et a souligné la nécessité d’établir des passerelles entre elles.

M. Sellal a rappelé, dans la même rencontre avec le ministre iranien de la Culture, la détermination de l’Algérie à lutter contre le terrorisme « et à œuvrer à sensibiliser ses partenaires quant à ses méfaits sur la sécurité et la stabilité internationales, ainsi qu’à la nécessité de mobiliser toutes les capacités possibles en vue de son éradication ». Manière de dire que l’Algérie ne donne pas des couleurs variables au terrorisme qui reste « un fléau international » sans religion.

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