search-form-close
Algérie : le pouvoir d’achat en priorité, « quoi qu’il en coûte »

Algérie : le pouvoir d’achat en priorité, « quoi qu’il en coûte »

Dans un contexte de dégradation du pouvoir d’achat, l’Algérie prend de nouvelles mesures sociales et confirme l’option du soutien aux produits de première nécessité, « quoi qu’il en coûte ».

En conseil des ministres, dimanche 1er octobre, le président Abdelmadjid Tebboune a été catégorique en assurant qu’il n’y aura point d’austérité concernant la subsistance des Algériens.

A la même occasion, une panoplie de mesures concrètes a été décrétée, dont le soutien aux agriculteurs affectés par la sécheresse, la revalorisation de la bourse des étudiants, qui passe de 1.300 à 2.000 dinars par mois et l’amélioration des conditions socio-professionnelles d’une catégorie de fonctionnaires, les imams en l’occurrence.

Le chef de l’État a dû réitérer une énième fois que la rationalisation des importations ne doit aucunement déboucher sur des pénuries ou la hausse des prix des produits sur le marché.

En février dernier, Abdelmadjid Tebboune avait poussé ce que l’agence de presse officielle avait alors qualifié de « coup de gueule » contre certains responsables qui auraient confondu régulation et blocage des importations.

Les messages lancés lors du dernier conseil des ministres sont d’une limpide clarté et traduisent une orientation résolue vers la priorisation du soutien au pouvoir d’achat sur toute autre considération.

« L’Etat est capable de garantir, avec aisance, la stabilité économique et sociale » et la subvention de tous les produits de large consommation « sera toujours garantie, quels que soient les prix sur les marchés internationaux », lit-on, entre autres, dans le communiqué qui a sanctionné la réunion.

Cette réaffirmation survient après les nombreuses autres mesures similaires contenues dans le projet de loi de finances rectificative 2023.

Le texte prévoit une hausse significative, par rapport à la loi de finances pour 2023, des dépenses de fonctionnement, des transferts sociaux et des dépenses d’investissement, marquant un retour à la « générosité » de l’Etat dans un contexte d’embellie financière générée par le maintien de la tendance haussière des cours des hydrocarbures.

Austérité en Algérie : le « quoi qu’il en coûte » du président Tebboune

Le texte prévoit des indicateurs économiques tous au vert, un taux de croissance de 4,8 % et des exportations d’hydrocarbures se situant à 47,5 milliards de dollars en 2023 contre 60 milliards en 2022.

Et alors que la LF 2023 prévoyait seulement 36,8 milliards de dollars d’importations, la LFC 2023 les porte à 41,5 milliards. Parmi les importations de nouveau autorisées, celles des viandes dont les prix sur le marché local connaissent une flambée intolérable.

Dans le sillage de la flambée mondiale qui a notamment touché les produits alimentaires de base et l’énergie pendant la crise sanitaire et après le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’Algérie n’a pas été épargnée et a enregistré un taux d’inflation de 9,3 % en 2022.

La hausse des prix qui n’a épargné que les produits subventionnés a fortement réduit l’impact des mesures sociales décrétées par le président de la République dès début 2020, dont la hausse du Smig, l’abattement de l’IRG pour les bas salaires et l’institution d’une allocation chômage au profit des jeunes sans emploi.

L’Algérie a aussi engagé une opération d’augmentation « progressive » des salaires des fonctionnaires qui devrait aboutir en 2024 à une hausse totale de 47 %.

En optant pour des augmentations par étapes, le souci est d’éviter une hausse de l’inflation et toute mauvaise surprise venant des fluctuations des prix du pétrole et du gaz.

Une éventuelle forte baisse des prix peut mettre l’Etat en difficultés pour tenir ses engagements car, malgré un net regain des exportations hors hydrocarbures ces dernières années (prévision d’atteindre 13 milliards de dollars à la fin de l’exercice en cours), l’économie algérienne demeure largement tributaire des performances du secteur énergétique.

L’embellie en 2022 des prix du pétrole, qui se sont situés à une moyenne de 101 dollars le baril, et ceux du gaz qui ont doublé par rapport à l’année 2021, a permis à l’Algérie d’engranger 60 milliards de dollars en exportation des hydrocarbures, selon le bilan de Sonatrach.

Les prévisions pour l’année en cours et celles à venir sont marquées par l’optimisme et les recettes de l’Etat devraient se maintenir à des niveaux qui permettent de continuer à financer les dépenses sociales et les investissements publics.

Néanmoins, le retour à l’importation tous azimuts qui a donné lieu à de graves abus ces deux dernières décennies est pour le moment écarté. Le gouvernement semble maintenir le cap d’une rationalisation des importations pour protéger la production nationale sans créer de pénuries.

SUR LE MEME SUJET : 

L’Algérie aux Brics, inflation… : entretien avec Brahim Guendouzi

  • Les derniers articles

close