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Circulation automobile à Alger : tirer et viser ensuite

Circulation automobile à Alger : tirer et viser ensuite

Le nouveau plan de circulation mis en place il y a une semaine pour désengorger la route d’Oued Romane illustre les difficultés à trouver des solutions au problème des embouteillages à Alger.

Si ce plan d’alléger la circulation pour les automobilistes qui vient de Draria, il a créé un problème pour ceux qui se rendent vers cette grosse agglomération de l’ouest d’Alger.

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Il a déplacé les problèmes de circulation du petit-rond de Oued Romane au rond-point de Ain Allah où la station de bus n’a pas été finalement déplacée, comme annoncée par la circonscription administrative de Draria dont les responsables auraient dû agir pour trouver des solutions, bien avant que la situation devienne aussi complexe et presque irréversible.

Dans le cas de Draria et d’autres quartiers d’Alger, les responsables feraient mieux de viser d’abord et ensuite de tirer et non le contraire. C’est-à-dire de prévoir des solutions de mobilité aux citoyens en fonction du développement urbain de leurs quartiers.

Il ne faut pas laisser la situation devenir irrécupérable et ensuite tenter de régler de graves problèmes de circulation par de simples aménagements.

Circulation à Alger : graves problèmes de mobilité

En clair, le nouveau plan de circulation, qui est en phase de test pendant 15 jours à partir de vendredi dernier, n’a pas permis de résoudre l’épineuse question de l’accès à Draria, cette grosse agglomération où les logements poussent comme des champignons.

Le cas de Draria peut s’appliquer à toute la wilaya d’Alger où le problème de l’engorgement des axes routiers se pose avec acuité. D’année en année, il devient de plus en plus difficile de circuler aux heures de pointe, et même pendant toute la journée dans plusieurs quartiers de la capitale.

En cause, plusieurs facteurs : plan de circulation inadapté, déficit en transports en commun, démographie galopante, exiguïté du réseau routier, urbanisation à pas de charge, manque de coordination entre les secteurs…

Paradoxalement, c’est dans les quartiers périphériques que la situation est intenable. Pour les habitants de Draria, El Achour ou Baba Hassen par exemple, se rendre au centre d’Alger est un véritable casse-tête.

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Il faut parfois plusieurs heures pour faire dix à 15 kilomètres à cause des bouchons interminables. Les fonctionnaires et autres travailleurs, les écoliers et étudiants vivent le calvaire quotidiennement.

La circulation est dense et lente les jours de semaine et même durant le week-end. Ils doivent partir à l’aube pour espérer être à l’heure au travail ou à l’école.

La rocade autoroutière Sud d’Alger étant saturée, les automobilistes font des détours par d’autres quartiers qui deviennent de ce fait, eux aussi très engorgés.

C’est le cas notamment de Tixeraine, S’haoula, la RN1 qui reçoit par ailleurs les flux d’automobilistes venant des anciennes et nouvelles cités surpeuplées de la banlieue sud, comme celles de Djenane Sfari, El Malha, Baba Ali.

Dans toute la région, de vastes surfaces agricoles ont été transformées depuis quelques années en cités dortoirs. Des dizaines de milliers de logements, toutes formules confondues sont sortis de terre en quelques années pour faire face à la forte demande, sans compter les constructions individuelles, innombrables.

Si le souci de juguler la crise du logement est légitime et les efforts consentis dans ce sens sont louables, il semble toutefois que les aspects liés au cadre de vie ne sont pas toujours pris en compte. Du moins en ce qui concerne la mobilité et les voies d’accès.

Le réseau routier d’Alger n’est plus adapté à la taille de sa population

De nouvelles routes ont été réalisées, mais pas de grands axes principaux. Ce sont ceux qui ont été conçus il y a quelques dizaines d’années alors que la zone n’était pas très peuplée, qui servent encore aujourd’hui.

Le nombre d’habitants et donc de véhicules a considérablement augmenté, mais les voies de circulation n’ont pas suivi et le transport en commun est rudimentaire, avec des bus vétustes et peu fiables.

La construction de logements devait s’inscrire dans un plan d’urbanisation global, prenant en compte les aspects de la mobilité des citoyens et de l’accès aux services publics. Ce qui ne semble pas être le cas à Alger, qui illustre les carences en matière d’urbanisme dans toute l’Algérie où la politique du logement se résume à construire de nouvelles habitations.

L’engorgement des voies d’accès est aggravé, comme partout en Algérie, par le déficit en transports en commun. Il est vrai que des infrastructures importantes ont été réalisées ou programmées.

Si toutes les grandes villes de la planète sont confrontées aux bouchons pendant les heures de pointe, le problème à Alger est le manque flagrant d’alternatives à la voiture, qui dans certains quartiers, est le seul moyen de transport viable.

A Alger, les lignes du métro, déjà fonctionnelles au centre-ville et dans la banlieue Est, atteindront à terme certains quartiers des hauteurs, comme Chevalley ou Dely-Brahim.

Le métro a sensiblement atténué le problème de la circulation dans les anciennes cités populaires de Gué de Constantine, Hussein-Dey, El Harrach, Badjarrah ou Kouba, il en fera de même bientôt pour Bab El Oued, mais le problème demeure entier pour les nouvelles cités de la lointaine banlieue qui abritent désormais une partie importante de la population d’Alger.

Les raccorder au réseau du métro n’est pas envisageable, à cause des coûts exorbitants de telles infrastructures dans un contexte de crise économique, mais l’ouverture de nouveaux axes routiers et la mise en place de plans de circulation étudiés et adaptés sont indispensables, tout en renforçant les transports en commun.

Certains points noirs peuvent en outre être éliminés sans grosses dépenses, par de petits aménagements comme l’installation de feux tricolores…

Il y a même urgence à le faire car si des dizaines de millions de logements ont été construits ces dernières années, autant sinon plus s’apprêtent à sortir de terre dans les années à venir, avec le déclassement récent de nouvelles parcelles de terres agricoles pour construire des logements dans l’ouest d’Alger.

Au rythme actuel des croissances inégales du parc immobilier et des voies d’accès, à terme, la situation risque de se compliquer davantage et dangereusement si rien n’est fait pour apporter les équilibres nécessaires.

D’autant plus que le parc automobile explosera inévitablement, la levée des restrictions sur l’importation des véhicules devant survenir tôt ou tard.

Il est temps que les secteurs de l’habitat, des transports, des travaux publics, de l’éducation et de l’intérieur coordonnent leurs efforts pour éviter l’aggravation des problèmes de mobilité à Alger et que la capitale devienne définitivement une ville invivable pour les automobilistes.

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