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Créances impayées dans le BTP : chronique d’un cafouillage embarrassant

Créances impayées dans le BTP : chronique d’un cafouillage embarrassant

New Press

La crise de paiement des projets dans le secteur du bâtiment a connu cette semaine un début de résolution après qu’il eut été annoncé que 74,6 milliards de dinars ont été débloqués par la Caisse nationale du logement (CNL) au profit des entrepreneurs et maîtres d’œuvre chargés de la réalisation des projets de logement dans les formules Location-vente (AADL) et logements publics locatifs (LPL-social).

Cet épisode constitue le dernier d’une série ayant mis l’État algérien dans un sérieux embarras. Retour sur un cafouillage.

Le scandale débute le 25 avril dernier, lorsque TSA révèle que les chantiers de construction de tous types de logements (LPP, social, AADL, rural) sont à l’arrêt depuis plus de quatre mois, faute de financements. Les banques publiques, notamment le CPA et la CNEP, sont mises en cause et accusées de refuser de payer les entreprises de réalisation, des créances s’élevant à 130 milliards de dinars, soit plus de 1,2 milliard de dollars. L’arrêt des travaux, faute d’argent, provoque le report de la livraison de 54.000 logements AADL1 et oblige le gouvernement à suspendre les projets de l’habitat rural.

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L’annonce du blocage met sans surprise le gouvernement dans l’embarras. Immédiatement, des interrogations sont posées quant à la capacité de financement de l’État des projets déjà lancés, dans un contexte de crise économique majeure.

Quelques jours après la révélation des créances impayées, le Premier ministre adresse une instruction demandant à l’administration de surseoir au paiement des impôts, taxes et cotisations sociales exigibles jusqu’au recouvrement, par les entreprises liées par des contrats de réalisation de projets publics, des paiements qui leur sont dus.

Une solution jugée provisoire, démagogique et surtout symbolique. Signe de l’inefficacité de cette mesure, le gouvernement décide, le 2 mai, de payer une partie des 130 milliards de DA de créances impayées réclamées par les entreprises de réalisation nationales et étrangères. Ce sous 48 heures, affirmait une source au ministère de l’Habitat.

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Deux semaines passent malgré tout sans que rien ne bouge. Le 16 mai, le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, prend publiquement la parole pour accuser directement le ministère des Finances et la banque CPA d’être à l’origine du retard dans le paiement. « 185.000 unités ont atteint un taux de réalisation de 60% mais ces projets sont affectés par le manque de financement du ministère des Finances et du CPA », dénonce-t-il dans un communiqué.

Les propos du ministre ne manquent pas d’avoir de l’effet puisque deux jours plus tard, le Crédit populaire d’Algérie (CPA) effectue un virement de 12 milliards de dinars au profit de la Caisse nationale du logement (CNL), constituant la première tranche servant à payer les créances dans le secteur.

Le même jour, le 18 mai, le président de l’Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), Mouloud Kheloufi, charge violemment le ministre de l’Habitat, l’accusant d’être responsable de l’accumulation des créances impayées dans le secteur du BTP. « C’est la responsabilité du ministre. C’est lui qui a fermé les portes du dialogue. C’est lui qui a choisi les entreprises étrangères », a-t-il déclaré à TSA.

Moins d’une semaine après le versement de la première tranche par le CPA, le ministère de l’Habitat annonce que la Caisse nationale du logement (CNL) a débloqué 74,6 milliards de dinars au profit des entrepreneurs et maîtres d’œuvre chargés de la réalisation des projets de logement. La rapidité avec laquelle les fonds ont été mis à la disposition de la CNL laisse penser que les montants étaient disponibles mais « bloqués » quelque part.  Les interrogations quant aux raisons derrière le blocage demeurent entières.

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