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Des parlementaires racontent la galère des Algériens bloqués à l’étranger

Des parlementaires racontent la galère des Algériens bloqués à l’étranger

Depuis neuf mois, les frontières de l’Algérie sont fermées et les vols internationaux d’Air Algérie sont suspendus en raison de la pandémie de coronavirus Covid-19. Du coup, des dizaines de milliers d’Algériens se sont retrouvés bloqués à l’étranger, et ne peuvent pas rentrer au pays.

Des opérations de rapatriement qui ont été lancées par Air Algérie ont permis à plus de 30 000 personnes de rentrer au pays, mais au moins 25 000 Algériens demeurent bloqués à l’étranger, selon les chiffres officiels. Ces personnes vivent un véritable calvaire qui ne laisse pas indifférents les parlementaires.

Pour TSA, ces élus font part de leur exaspération de la gestion des opérations de rapatriement tout en invitant le gouvernement algérien à simplifier les procédures et à élargir le plus possible le périmètre des vols pour toucher le plus grand nombre d’Algériens bloqués en dehors des frontières du pays.

Le député de l’émigration Noureddine Belmeddah déplore « un manque de coordination » dans les opérations de rapatriement qui ont été effectuées entre le 3 et le 17 décembre, jugeant insuffisant le nombre d’Algériens rapatriés.

La cause, selon M. Belmeddah, est le fait que les autorités du pays n’ont pas laissé les consulats s’occuper de l’opération comme il l’avait suggéré dans une lettre au Premier ministre et dans ses déclarations aux médias.

« Des avions sont rentrés à Alger avec des sièges vides »

Le parlementaire cite les cas d’Algériens qui n’ont pas pu rentrer pour divers motifs. « Les listes des personnes à rapatrier d’Alger sont arrivées en retard. Les services consulaires ont entrepris de contacter les personnes concernées dont certaines, qui ont été contactées 24h avant leur départ, n’ont pas pu réaliser la PCR (prévue dans un délai de 72h avant le vol, ndlr). D’autres contactées 24h avant le vol n’ont pas eu le temps de s’organiser sachant qu’elles habitent à 3 000 km du consulat, » énumère le député.

Et d’ajouter : « Des Algériens ont été appelés vers 13h pour leur signifier que leur vol était prévu pour le lendemain à 10h. Comment peuvent-ils réaliser leur PCR ? ».

Le député cite aussi des situations d’Algériens qui se sont présentés à l’aéroport avec un test PCR à la main auxquels les services consulaires ont signifié une fin de non-recevoir du fait que leurs noms ne figuraient pas sur les listes confectionnées à Alger, au ministère de l’Intérieur.

« Les services consulaires ont été instruits de ne pas embarquer les personnes dont les noms ne sont pas portés sur les listes, » précise Belmeddah. Résultat : « Des avions sont rentrés à Alger avec des sièges vides. Un crève-cœur pour ces personnes qui voient des avions repartir avec des sièges vides sans pouvoir y embarquer, » déplore le parlementaire qui met en évidence les pertes économiques pour Air Algérie, déjà durement éprouvées par la suspension des vols commerciaux internationaux depuis neuf mois.

Le député de l’émigration réitère son appel aux autorités pour laisser les consulats d’Algérie à l’étranger s’occuper de l’opération de retour des Algériens, d’autant qu’ils sont plus près des réalités de nos compatriotes.

De son côté, le sénateur FLN, Abdelwahab Benzaim, dans une déclaration à TSA, propose une reprise des vols et des traversées avec pour seule condition le respect du protocole sanitaire.

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Suppression des autorisations d’entrée  

 « Des Algériens dans une grande souffrance, » fulmine-t-il, citant des cas de personnes qui n’ont pas pu assister à l’enterrement de leurs parents. Le sénateur du FLN a d’ailleurs interpellé directement, dimanche 20 décembre, le Premier ministre devant cette situation via un post publié sur son compte Facebook.

Et dans sa déclaration à TSA, le sénateur s’interroge sur les critères « qui voudraient que telles personnes soient en droit de rentrer et pas d’autres ? ». Le sénateur Benzaim suggère carrément la suppression des autorisations d’entrée sur le territoire algérien actuellement en vigueur et demande à s’appuyer sur les tests PCR négatifs que les citoyens doivent réaliser 72h avant leur embarquement et ainsi les libérer de la détresse qu’ils vivent depuis des mois. « Et à supposer qu’un voyageur est suspecté de Covid-19, on peut l’isoler dans un hôtel jusqu’à ce qu’on confirme avec un deuxième test PCR, s’il est atteint ou pas ; d’autant plus que certains sont prêts à payer les frais d’hébergement (quarantaine) et les tests PCR, » propose-t-il, encore.

« Il n’est pas raisonnable que l’Algérie demeure parmi les rares pays dont les frontières sont fermées » 

Le sénateur dénonce la non-implication de certains consulats dans l’opération et suggère de confier la mission à Air Algérie qui aura à appliquer le protocole sanitaire en coordination avec le ministère de la Santé.

 « L’État est appelé à organiser des vols d’urgence, pas un ou deux vols par jour, mais des vols vers toutes les destinations, » exhorte pour sa part le sénateur du FLN, Fouad Sebbouta dans une déclaration à TSA.

« Des compatriotes m’ont contacté à titre personnel pour me dire qu’ils sont disposés à payer la location d’un avion pour leur rapatriement, et de réaliser un nouveau test PCR une fois en Algérie et d’en supporter eux-mêmes les frais, » raconte-t-il.

Le sénateur exhorte aussi à prendre en urgence en charge les cas « sociaux », et propose que le gouvernement ouvre les frontières tout en mettant en place un protocole sanitaire strict qui évitera que des cas positifs au Covid-19 ne rentrent en Algérie.

« Il n’est pas raisonnable que l’Algérie demeure parmi les rares pays dont les frontières sont fermées, » estime Fouad Sebbouta, qui veut faire profiter aussi Air Algérie de rentrée d’argent dont elle est privée depuis plusieurs mois.

« Il n’est pas normal qu’une compagnie comme Air France effectue deux vols par jour (au départ d’Algérie), que Qatar Airways effectue trois ou quatre vols par semaine et Turkish Airways qui fait plusieurs vols par semaine, alors que Air Algérie se contente d’observer, » s’emporte le sénateur.

Face à la multiplication des critiques sur le déroulement des vols de rapatriement, le gouvernement garde étrangement le silence.

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