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ENTRETIEN. Halim Kasmi, PDG du Port de Bejaia : « C’est une conspiration »

ENTRETIEN. Halim Kasmi, PDG du Port de Bejaia : « C’est une conspiration »

Dans cet entretien accordé à TSA, Halim Kasmi, le PDG de l’Entreprise portuaire de Bejaia (EPB) annonce qu’il va appliquer les sanctions administratives à l’encontre des travailleurs en grève depuis 15 jours, après la fin de l’ultimatum donné aux grévistes pour la reprise du travail, lundi 3 août.

Après deux semaines de grève, vous avez lancé dimanche un ultimatum aux travailleurs pour la reprise du travail dès ce lundi, sous peine de sanctions. Votre appel a-t-il été entendu ?

Durant la matinée de lundi, une réunion de médiation a eu lieu entre les représentants officiels du Groupe Serport. Nous avons trouvé un consensus avec la section syndicale. Nous avons consenti à quelques concessions. Bien entendu, la question de mon départ n’a pas été mise sur la table. Il en est hors de question. Mon départ relève de la voie réglementaire et elle ne peut pas être une revendication des travailleurs. À l’heure où je vous parle (16h40) il n’y a aucune décision pour une reprise du travail. C’est le statu quo. Ce qui me pousse à déclencher le dispositif disciplinaire. C’est le Conseil syndical (CS) qui a appelé à la grève et c’est à lui d’appeler officiellement à la reprise du travail. Chose qui n’a pas encore été faite. Mercredi passé, une réunion de médiation a eu lieu avec PV mais le CS n’avait pas appelé à la reprise.

Les travailleurs font une fixation sur votre départ, vous qui n’êtes à ce poste que depuis septembre 2019. Pourquoi ?

Je ne vais pas mâcher mes mots mais je parlerai d’une conspiration. Personnellement, je n’ai rien à me reprocher du point de vue bilan, ni du travail. Je n’ai rien volé et n’ai rien dilapidé. Je n’ai pas exagéré dans mes décisions. J’ai au contraire protégé l’entreprise et les travailleurs.

Quelle est la position de votre tutelle (Serport, ministère des Transports) face à cette situation. Avez-vous leur soutien ?

La tutelle me soutient totalement. J’ai eu une discussion téléphonique avec M. le ministre ce matin (lundi, NDR). Il me soutient complètement et m’a dit que mon bilan était très positif. J’ai eu une motion de soutien du Conseil d’administration (CA). En peu de temps, nous avons pu améliorer beaucoup d’indicateurs de gestion. Donc, j’ai le soutien total du ministre, de celui également total du PDG de Serport (Djelloul Achour, Ndlr) et aussi le soutien du Conseil d’administration (de l’entreprise). En ce qui concerne cette grève, moi je considère que c’est une conspiration contre ma personne. Je me garde toutefois d’avancer qui est la partie qui est en train de les téléguider.

Les travailleurs parlent d’endettement de l’entreprise et de projets dont ils doutent que vous puissiez réaliser un retour sur investissement. Qu’en est-il exactement ?

Ce doute n’engage qu’eux. Je vous donne un exemple : nous avons une zone logistique à Bordj Bou-Arreridj (Tixter) pour laquelle nous avons investi presque 3 milliards DA. Je peux vous dire que d’ici 2 ans on aura amorti le coût de l’investissement. Cette zone unique en son genre nous rapporte annuellement 500 millions DA. Nous avons un deuxième projet, une zone logistique à Ighil Ouberouak, sise à 5 Kms du port. Elle nous a coûté environ 1 milliard de DA. Nous l’avons mise en exploitation en mars dernier, et déjà elle commence à faire rentrer de l’argent. Pareillement, je peux vous dire que d’ici 5-6 ans nous rentabiliserons complètement cet investissement.

Les travailleurs pointent le projet de la Gare maritime. À ce propos, je signale que nous sommes en discussion avec les autorités pour trouver un moyen pour l’exploiter de manière à ce qu’elle soit également rentable. Mais cela va prendre du temps en raison d’embuches administratives. Cependant, je dirai que c’est un projet ambitieux, un bijou architectural et qui devrait être la fierté de la ville de Bejaia car, pour une fois, nous avons une gare maritime aussi imposante et aussi belle. Il est vrai qu’elle n’est pas encore rentable. Nous avons un projet dans ce sens, et nous attendons juste un accompagnement de la part des pouvoirs publics (ministère et Serport). Nous allons la mettre en exploitation et elle va devenir une source de profits. Il faut juste noter que c’est un peu plus compliqué que les deux autres projets.

Même le projet de zone logistique de Tixter, nous l’avons terminé en 2014-2015 et nous n’avons commencé l’exploitation qu’en 2016. En 2018, nous avons très bien travaillé. De même le projet d’exploitation de la gare maritime nécessite aussi une maturation. Personnellement, je suis en contact avec plusieurs partenaires et je suis sûr qu’on va arriver, soit à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine, à transformer la Gare maritime en centre de profits.

On parle aussi d’endettement…

Moi je préfère parler d’investissement. Une entreprise qui n’investit pas meurt. Ma mission est de rentabiliser les installations réalisées. Les projets de Tixter et Ighil Ouberouak à eux deux c’est l’équivalent de 4 milliards DA et nous avons commencé à les rentabiliser avec des rentrées d’à peu près 500 à 600 millions DA chaque année.

À combien se chiffrent les dettes ?

Les dettes totalisent environ 7 milliards DA et représentent l’argent investi dans la zone logistique de Tixter, la zone d’Ighil Ouberouak, la Gare maritime et quelques achats d’équipements. Mais je dois souligner que les deux premiers projets commencent déjà à être rentables et rapportent énormément d’argent. Pour ce qui est de la Gare maritime à propos de laquelle les travailleurs s’inquiètent, elle va être rentable au moment venu. J’en ai même fait l’une de mes priorités. La rentabilisation de la Gare maritime fait partie des 4 axes de ma politique générale.

Jusqu’à aujourd’hui, combien cette grève a-t-elle coûté à l’entreprise ?

En termes de surestaries, on en est à un million de dollars, du fait qu’il y a eu immobilisation de navires. En manque à gagner pour l’entreprise je peux dire que c’est entre 600 et 700 millions DA après que 22 navires eurent été déroutés vers les ports de Jijel et d’Alger. Ils ne pouvaient pas rester ici au port de Bejaia en raison d’un cas de force majeure, en l’occurrence la grève.


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