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Grèves : curieuse impuissance de la classe politique

Grèves : curieuse impuissance de la classe politique

Depuis quelques jours, les partis politiques multiplient les initiatives et les appels à la reprise du travail, sans réel effet, comme on peut le constater, sur l’intransigeance notamment du Cnapeste et du Camra.

Il faut dire que leur entrée en scène est quelque peu tardive. Pendant plus d’un mois, enseignants et médecins battaient le pavé et paralysaient écoles et hôpitaux et, sur le terrain, on ne voyait que leurs syndicats redoublant de détermination, des ministres ne savant par par quel bout prendre le dossier, des forces d’ordre alternant la matraque et le laisser faire et une justice multipliant les jugements quasi systématiques en faveur de l’administration.

Ce n’est qu’après plusieurs semaines de bouillonnement que la classe politique s’est réellement mise à regarder du côté du front social, avec d’abord ce communiqué des groupes parlementaires des formations proches du pouvoir, vilipendant les syndicats frondeurs et appelant les pouvoirs publics à adopter une posture plus ferme.

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En fin de semaine, les deux partis majoritaires sont revenus à la charge, non pas par le biais de seconds couteaux, mais par la voix de leurs chefs respectifs.

Djamel Ould Abbès d’abord, Ahmed Ouyahia ensuite. Si le premier s’est contenté d’un appel à la raison et au dialogue, le second, qui porte aussi la casquette de Premier ministre, s’est exprimé à Biskra en tant que SG du RND et s’est montré plus agressif envers les syndicats, utilisant des mots très durs pour dire le fond de sa pensée et la stratégie de son gouvernement vis-à-vis des revendications sociales.

En plus du RND et du FLN, d’autres formations politiques ont fait une incursion dans le débat. Comme le Parti des Travailleurs dont les députés ont approché les médecins résidents lors de leur dernier rassemblement à Alger pour tenter une médiation. Une initiative à laquelle s’étaient joints les élus du MSP.

Entre temps, le tiers présidentiel au Conseil de la nation s’est impliqué en appelant les organisations syndicales à plus de raison. Le président de l’APN devait lui aussi mener une mission de bons offices avant de faire machine arrière, estimant que cela est du ressort de l’Exécutif.

Ce sont là l’essentiel des réactions et initiatives de la classe politique devant le bouillonnement de la scène syndicale depuis le début de l’année. Beaucoup de partis sont demeurés aux abonnés absents, et quand ils s’expriment, c’est pour évoquer d’autres sujets plus importants à leurs yeux : la liste de Tliba pour le cinquième mandat, la constituante de Louisa Hanoune

Pour revenir aux initiatives faites jusque-là, force est de constater qu’elles sont dénuées d’effet. Bien au contraire, les syndicats contestataires semblent redoubler de détermination à chaque sortie d’un dirigeant politique les appelant à « la raison ».

Comme au lendemain du discours musclé d’Ouyahia à Biskra. Le Camra, qui porte les revendications des médecins résidents, fut le premier à réagir pour dénoncer des propos « décevants », « diffamatoires et populistes » et un « appel à la répression ».

Le Cnapeste rappelle au Premier ministre que « sa première mission est d’apporter des solutions et d’ouvrir le dialogue et non d’avoir recours aux menaces ». Inutile de dire que les deux syndicats n’ont laissé entrevoir aucun signe de fléchissement.

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Les sorties qui ont précédé celle d’Ouyahia n’avaient pas eu plus de succès. La classe politique a du mal à se faire entendre. Pourtant, il s’agit là des formations censées être les plus représentatives sur l’échiquier politique national. À eux seuls, le FLN, le RND, le MPA et TAJ totalisent près des deux-tiers des députés à l’APN et autant d’élus dans les assemblées locales.

Un paradoxe qui soulève plus d’une question. Comment un parti comme le FLN n’arrive-t-il pas à peser dans un débat sur une question d’intérêt national ? Ne s’est-il pas suffisamment investi car pris par d’autres priorités ? L’a-t-il fait tardivement ? A-t-il perdu toute crédibilité auprès des organisations syndicales ? Ou, tout simplement, son supposé ancrage dans la société est en fait surestimé ?

Des interrogations qui valent aussi pour son alter ego du RND, deuxième force politique du pays, et dont le chef, Premier ministre de surcroît, n’arrive pas à ramener « à la raison » deux syndicats de fonctionnaires. Curieux tout de même…

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