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Il est temps de supprimer le baccalauréat

Il est temps de supprimer le baccalauréat

NEWPRESS
Hérité de la colonisation française, le baccalauréat représente aujourd’hui une chimère, au point que même sa valeur symbolique s’est totalement effritée de nos jours.

Les résultats du baccalauréat sont attendus ce mardi 25 juillet après-midi. Les bacheliers de la session ordinaire de juin mais aussi ceux de la session spéciale de juillet devraient ainsi être fixés sur leur avenir. L’an dernier, le taux de réussite au baccalauréat s’était établi à 49,79% pour les candidats scolarisés, tandis que seuls 33,7% des candidats libres avaient obtenu leur baccalauréat.

Des taux similaires sont également attendus pour cette année, et ce malgré l’organisation d’une session spéciale pour les retardataires de la première session. Cette deuxième session aura d’ailleurs représenté un fiasco total avec un taux d’absentéisme de près de 85% sur les 104 000 candidats concernés. La mesure aura été très coûteuse et inutile, l’État ayant mis à disposition tous ses moyens pour un résultat nul. Outre le fait d’avoir mobilisé des enseignants pour surveiller et corriger les épreuves, les moyens des forces de l’ordre ont été déployés en masse pour garantir une session sans incident. Sans oublier le fait d’avoir une nouvelle fois bloqué l’accès à Internet à toute la population algérienne. Un blocage qui coûte cher aux entreprises et à l’économie nationale.

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Les deux sessions du baccalauréat de 2017 ont condensé d’une certaine manière tout ce qui va mal dans le système actuel du baccalauréat. La première session, avec les consignes zélées d’empêcher les retardataires de participer aux épreuves, avait laissé dans le désarroi nombre de candidats et de familles désemparés à l’idée d’échouer dans cette épreuve jugée cruciale dans la vie de nombreuses personnes. Peu importait en effet les compétences du candidat, il suffisait d’une circulation automobile ralentie ou bloquée, ou d’une alarme matinale ne faisant pas son travail pour que les espoirs de réussite du candidat soient virtuellement détruits. Une terrible injustice.

La deuxième session a montré l’étendue des moyens financiers et humains mobilisés pour seulement quelques jours d’épreuve. Caché derrière l’illusion d’un examen garantissant l’égalité à tous les candidats, le baccalauréat a été la cible année après année d’un nivellement vers le bas afin d’atteindre certains quotas de réussite, symptôme de la volonté de pérennisation du pouvoir par le maintien de la paix sociale.

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Hérité de la colonisation française, le baccalauréat représente aujourd’hui une chimère, au point que même sa valeur symbolique s’est totalement effritée de nos jours. Pire, la décrédibilisation du diplôme du baccalauréat a eu un effet de contamination de la couche supérieure que représente l’université. L’inexorable perte de la crédibilité des diplômes universitaires en Algérie trouve elle aussi sa source dans la volonté du pouvoir d’éviter la gronde étudiante. Et maintenir une fois encore la paix sociale.

Dans un tel contexte, pourquoi continuer à entretenir l’illusion en maintenant les épreuves du baccalauréat, si coûteuses en cette période de crise économique ? Si l’objectif est de maintenir le peuple dans l’indolence, le pouvoir gagnerait à supprimer le baccalauréat et le remplacer par un système différent, en introduisant par exemple le contrôle continu. Il s’éviterait ainsi de nouveaux fiascos montrant son incompétence au grand jour, comme ce fut le cas lors des deux dernières sessions. Dans une Algérie gouvernée sans que le salut de la nation ne soit une priorité, il serait peut-être temps de penser les choses différemment.

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