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Le jour où la maison du Congrès de la Soummam a failli brûler

Le jour où la maison du Congrès de la Soummam a failli brûler

La wilaya de Béjaïa, à l’instar d’autres régions d’Algérie, fait face depuis quelques jours à une vague de feux de forêts qui ont causé d’importants dégâts matériels, les agriculteurs ayant perdu énormément d’arbres fruitiers.

Les feux, dont certains ont été éteints et d’autres toujours en cours, se sont rapprochés dangereusement des habitations, heureusement sans faire de victimes.

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Dans la localité historique d’Ouzellaguen, les flammes ont menacé la maison ayant abrité le Congrès de la Soummam le 20 août 1956.

Maître de conférences à l’Université de Béjaïa, Farid Zouranen livre un témoignage poignant des instants pendant lesquels les flammes ont menacé cette maison historique.

« Quelle sensation ! Se retrouver sur le toit de cette maison vétuste en proie aux flammes qui menaçaient de partout », entame-t-il son récit publié sur les réseaux sociaux.

Lui et un groupe de riverains s’installent sur le toit de la vieille maison pour tenter de la sauver du feu qui arrive. Une tentative désespérée au regard des maigres moyens dont ils disposent. Mais quelque chose de plus fort que les flammes semble les porter.

« Juste quelques bouteilles d’eau… »

« Nous n’avions rien pour faire face. Juste quelques bouteilles d’eau, une ou deux pelles et cette honte qui nous hantait réprimant à la fois des larmes de peur et celles de l’abandon. À ce moment-là, on se disait sans le prononcer : nous n’avons pas le droit de laisser cette vieille maison brûler », raconte l’universitaire.

Les riverains ont pour seule arme leur courage pour faire face aux flammes qui ravagent tel un rouleau compresseur tout ce qui se trouve sur leur passage.

L’objectif de ces volontaires est de défendre cette maison historique pour éviter qu’elle soit engloutie par les flammes. « Il faut à tout prix la sauver. Cette maison est tout ce qui nous reste et si par malheur elle brûle, autant laisser tout le village brûler et ses habitants cramer. Cette maison nous appartient à tous durant toute l’année sauf une journée (20 août de chaque année, NDLR). Elle est encore habitée par des âmes saintes qui, une fois par an, on vient réveiller dans un brouhaha matinal assourdissant », relate Farid Zouranen.

Chaque année, les Algériens commémorent la date-anniversaire de la tenue du Congrès qui a changé le cours de la Révolution nationale.

« La maison retrouve aussitôt sa tranquillité naturelle et ce pour une année » et les « âmes qui y habitent encore reprennent le sommeil apaisant », poursuit l’universitaire.

« Cette année, on les a réveillés trop tôt en abandonnant leur maison vétuste aux flammes. Elle ne s’est pas consumée. Les braves sapeurs-pompiers démunis assistés par les villageois ont veillé toute la nuit pour préserver le sommeil apaisé de Abane et ses compagnons. Celui, à qui on a brûlé ses terres l’année dernière, et à qui aujourd’hui on a voulu laisser brûler son œuvre », conclut-il.

La mobilisation des bénévoles et l’intervention de la Protection civile ont permis de sauver des flammes la maison qui a abrité le Congrès de la Soummam il y a 66 ans.

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