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Métidji, N’gaous, General Emballage : ces entreprises algériennes en grande forme malgré la crise

Métidji, N’gaous, General Emballage : ces entreprises algériennes en grande forme malgré la crise

La crise que connait le pays depuis 2014 suite à l’effondrement des cours du pétrole ne semble pas affecter certaines grandes entreprises algériennes de l’agroalimentaire.

Elles s’en sortent pas mal malgré la contraction de la consommation des ménages algériens et, signe de leur bonne santé financière, elles s’offrent des projets d’investissement pour renforcer leurs capacités de production.

« Ça ne nous a pas touchés, le groupe n’a fait qu’évoluer », se félicite Samir Seladji, directeur export du groupe Métidji, basé à Mostaganem, rencontré au salon Djazagro.

La preuve ? Le nombre de projets d’extension que compte lancer le groupe pour « augmenter nos capacités de production », assure-t-il.

Mieux encore, cette année le groupe familial devrait réaliser une croissance à deux chiffres. « Nos prévisions, c’est de continuer notre évolution. Même si la situation est difficile, avec la morosité du marché due à la chute du pouvoir d’achat, nous prévoyons une croissance de 5 à 10% », conjecture M. Seladji.

Lancé en 2000, le groupe compte aujourd’hui un réseau de distribution dans 35 wilayas. Mieux, depuis 2013, il exporte quelque 1200 tonnes de couscous (sa marque Safina, notamment) et pattes vers les pays de l’Afrique de l’Ouest, la France, l’Espagne et le Canada.

Même son de cloche du côté de N’gaous, filiale du groupe Mazouz. Sa belle notoriété a aidé la marque à mieux faire face aux vents contraires.

« On n’est pas touchés par la crise car on est une marque très connue en Algérie », assure Smain Boukal. Et d’appuyer : « On en est en pleine extension. On est en train d’avancer et d’investir dans le développement de notre entreprise ».

L’entreprise N’gaous compte en effet lancer des lignes de production de lait UHT et de lait aromatisé ainsi qu’une usine de raffinerie de sucre d’une capacité de 2000 tonnes/jour qui ouvrira ses portes en septembre prochain.

Le groupe Berrahal n’est, lui aussi, nullement touché par la crise. « On est un produit de large consommation, la crise on ne la sent pas directement. Quel que soit la situation, on consomme du sucre », explique Rafik Abdelhamid Azzouz, directeur général adjoint du groupe.

Et les cours de la matière première qui n’ont pas connu d’augmentation ont aidé aussi l’entreprise à proposer des prix de vente « raisonnables ».

La crise a plutôt un « effet positif » sur l’industrie algérienne, estime M. Azzouz, notamment avec la limitation des importations et le lancement de projets d’investissement.

C’est le cas du moins du groupe Berrahal qui a dans ses cartons un projet de raffinerie d’huile qui sera lancé courant 2018. « C’est notre projet phare. On va se diversifier mais en restant dans l’agroalimentaire », annonce M. Azzouz.

Le groupe va aussi procéder à l’extension de son usine oranaise de sucre pour augmenter sa capacité de production dès juin prochain en la portant à 2500 tonnes/jour au lieu des 1500 tonnes/jour actuellement dont une partie sera destinée à l’exportation.

« On est en train de prospecter le marché international (Turquie, Afrique et Moyen-Orient). À la fin de ce mois, une quantité de 600 à 700 tonnes sera exportée », précise M. Azzouz.

Il est vrai que son groupe rencontre des difficultés, notamment sur le plan de la préparation logistique (préparation de containers, lignes maritimes, autorisations sanitaires, etc.) en appelant de ses vœux la mise en place d’un guichet unique pour faciliter la tache aux exportateurs.

Mais M.Azzouz a la conviction bien chevillée que l’Algérie a les moyens de « renverser la vapeur ». « La sortie de crise passe inévitablement par l’investissement au niveau local », estime-t-il.

Zakari Sayah, responsable de la communication de Danone, préfère, lui, parler de la crise induite par l’interdiction d’importer certains produits instituée par le gouvernement en janvier 2018.

« La crise touche tous les opérateurs de l’agroalimentaire. On est obligé de s’adapter, notamment avec l’interdiction d’importer certaines matières premières », explique-t-il, avant d’enchaîner : « On est dans une démarche de certification de fournisseurs locaux pour pouvoir pallier certains produits qui n’existent plus sur le marché. On est en train de s’orienter vers les produits complémentaires pour répondre aux besoins des familles nombreuses ».

Dans cette optique, l’entreprise a lancé en mars 2018 deux nouveaux produits : deux types de yaourt en bouteille aromatisés (fraise et abricot) cédé chacun à 120 DA et deux autres type de yaourt en bouteille toujours mais fruités cette fois (fraise et abricot) cédé chacun à 150 DA.

Sans nier les incidences de la baisse des cours du pétrole sur le monde de l’entreprise, Mohamed Bessa, directeur de communication du groupe Général Emballage, spécialisé dans la fabrication et la transformation de carton ondulé, estime que « la crise est beaucoup plus psychologique que tangible ».

C’est-à-dire ? « Il y a surtout une contraction de la consommation des ménages algériens qui craignent des lendemains sombres. Il y a un décor qui a été implanté par les différents leaders d’opinion (presse, hommes politiques, etc.) qui a pris racine dans la baisse des cours du pétrole », explique-t-il.

Selon lui, l’Algérie est en train de passer de « l’économie de production vers l’économie de marché, dans le sens où le marché ne peut plus absorber mécaniquement toute la production disponible ».

Aussi, l’entreprise algérienne est aujourd’hui, du point de vue de M.Bessa, face aux défis de « management et de rationalisation des ressources ».

« Il s’agit de produire mieux et plus mais avec les mêmes ressources pour espérer recouper les besoins du marché », dit-il. Question : Général Emballage est-il touché par la crise ? Réponse de M. Bessa : « Malgré la crise et les envolées des cours du papier sur les marchés mondiaux qui ont connu cette année un pic historique jamais atteint depuis 2012, on a réalisé un croissance de 20% en chiffres d’affaires ».

Petit bémol : le rendement du capital a connu une dégradation. « On a vendu plus en valeur comme en volume mais la rentabilité n’a pas évolué dans les même proportions », explique M. Bessa. La recette face à cette situation de crise ? : « Être attentif au management, la bonne allocation des ressources et augmentation de la production », recommande-t-il.

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