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Pauvreté en Algérie : les chiffres de la Banque mondiale

Pauvreté en Algérie : les chiffres de la Banque mondiale

Entre le satisfécit officiel et les constats alarmants d’organismes non officiels, beaucoup de choses sont dites à propos des conditions de vie et de la pauvreté en Algérie.

La Banque mondiale vient de publier une évaluation chiffrée sur « la pauvreté multidimensionnelle » en Algérie, concentrée sur trois grandes dimensions : la santé, l’éducation et les conditions de vie.

Il y a bien une amélioration sur ces aspects, mais beaucoup reste à faire notamment pour réduire les écarts entre les régions.

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L’évaluation est contenue dans le dernier rapport de la BM de suivi de la situation économique de l’Algérie. Elle concerne essentiellement la « pauvreté non monétaire ». À la différence de la pauvreté monétaire, qui est définie par un revenu inférieur au seuil de pauvreté, la pauvreté non monétaire concerne les effets des faibles revenus, c’est-à-dire la difficulté ou l’impossibilité d’accéder à certaines commodités.

« Du fait de la hausse infernale des prix des biens de large consommation (denrées alimentaires…) mais aussi des matériaux de construction à cause de la dévaluation du dinar et de la spéculation, la misère et la faim se généralisent dans notre pays », a estimé le Parti des Travailleurs (PT) dans un communiqué rendu public dimanche 26 décembre.

La conjoncture est en effet marquée par une très forte inflation et des tensions sur certains produits de base qui mettent à rude épreuve les ménages, notamment les couches défavorisées.

Citant les statistiques de l’Agence nationale de l’emploi (Anem), le PT indique que le nombre de demandeurs d’emploi en 2021 a atteint les deux millions, tandis que l’offre ne dépasse pas 1,5 %.

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Simultanément, des sources médiatiques ont rapporté un drame qui s’est produit dans la wilaya d’El Tarf, où un père de famille aurait trouvé la mort dans une altercation survenue lors de la vente du lait subventionné.

Une nette amélioration en 2019 par rapport à 2013

La BM indique que l’inflation se situe à un niveau jamais vu depuis 2012 (9.2 % en octobre en glissement annuel) et souligne qu’« en raison de la forte hausse de l’inflation alimentaire, le pouvoir d’achat du segment le plus vulnérable de la population a été disproportionnellement affecté en 2021, compte tenu du poids majeur des produits alimentaires dans son panier de consommation ».

Le chapitre lié à la pauvreté multidimensionnelle ne porte pas sur le nombre et les catégories d’Algériens vivant sous le seuil de pauvreté ni sur l’évolution de la paupérisation, mais sur les aspects liés à l’éducation, à la santé et aux conditions de vie. Les chiffres avancés sont ceux de 2019. Une nette amélioration est constatée entre 2013 et 2019, puisque le taux de pauvreté multidimensionnelle en Algérie est passé de 2,1 à 1,4 % de la population.

« Une personne est considérée comme ‘multidimensionnellement pauvre’ si son niveau de privation dépasse 33 » sur une échelle de 0 à 100, expliquent les auteurs de l’étude. Les personnes dont l’indicateur va de 20 à 33 sont considérées comme vulnérables à la pauvreté multidimensionnelle. Le pourcentage de personnes vulnérables a lui aussi baissé de 5,8 à 3,6 %.

« La baisse de l’IPM (indicateur de pauvreté multidimensionnelle) s’explique par l’amélioration de la santé, de l’éducation et des conditions de vie de la population », lit-on dans le rapport qui note que l’Algérie, avec 1,4 % de sa population touchée par la pauvreté multidimensionnelle, fait mieux que ses voisins, l’Égypte (5,2 %), l’Irak (8,6 %) et le Maroc (6,1 %). La Tunisie, en revanche, est mieux lotie  (0,8 %).

Inégalités entre les régions et Internet à la traîne 

S’il n’y a pas de différence significative entre les hommes et les femmes en termes de taux de pauvreté, l’étude fait en revanche ressortir deux niveaux d’inégalité : d’abord entre les zones urbaines et rurales (quatre fois plus dans les milieux ruraux), ensuite entre les différentes régions.

Les Hauts-Plateaux-Centre (4,4 %,), les Hauts-Plateaux-Ouest (2,6 %)  et la région Sud (2,3 %), restent à la traîne par rapport aux autres régions du pays, même si  elles ont enregistré une réduction significative de la pauvreté.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les conditions de vie qui tirent vers le bas le niveau général de pauvreté. Les lacunes en la matière ne contribuent qu’à hauteur de 20 % à la pauvreté multidimensionnelle, contre 30 % pour la santé et 50 % pour l’éducation.

Concernant justement les conditions de vie, la BM reconnaît qu’elles « se sont améliorées ». Le taux de possession d’une voiture a augmenté (44 % en 2019 contre 37 % en 2013) et « les Algériens vivent aujourd’hui dans des logements moins exigus », le nombre moyen de personnes par chambre passant de 2,8 à 2,4.

Malgré ces améliorations, l’Algérie reste à la traîne en matière d’accès à Internet, avec seulement 26 % des ménages qui avaient Internet à domicile en 2019. Là aussi, des inégalités entre les régions sont signalées avec par exemple 31 % d’accès dans le Nord-Centre et seulement 19 % dans les Hauts-Plateaux Centre et  Ouest.

Toutefois, depuis 2019, la situation sociale s’est nettement détériorée en Algérie sous l’effet de la pandémie de covid-19 qui a fortement impacté l’activité économique du pays, de la dépréciation continuelle du dinar face aux principales devises (euro et dollar) et la hausse des prix des produits de consommation.

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