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Sahara occidental : les États-Unis forcent la main au Maroc

Sahara occidental : les États-Unis forcent la main au Maroc

Nouveau revers pour le Maroc dans le dossier du Sahara occidental. Staffan De Mistura, l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations-Unies, a pu se rendre dans les territoires sahraouis occupés, contre l’avis de Rabat.

De Mistura n’a jamais pu se rendre dans les territoires sahraouis occupés depuis sa nomination il y a deux ans, à cause des conditions qui étaient à chaque fois posées par les autorités marocaines.

Ce lundi 4 septembre 2023, le diplomate italo-suédois était à Laayoun, première ville du Sahara occidental. La préparation du déplacement s’est faite dans la plus grande discrétion par Rabat, afin d’éviter des manifestations de la population locale favorable à l’autodétermination, indique le journal espagnol El Confidencial.

Ce n’est qu’après l’atterrissage de son avion à Laayoun que les Nations-Unies ont annoncé officiellement la visite. Sattafan De Mistura « attend avec impatience de visiter la région et de rencontrer toutes les parties concernées« , a indiqué l’ONU dans un communiqué publié juste après l’atterrissage de l’avion.

« Il doit être un témoin direct de la situation des détenus et prisonniers politiques sahraouis dans les prisons de l’État d’occupation marocain, de la torture et des pratiques humiliantes auxquelles ils sont soumis et œuvrer pour garantir leur libération immédiate et inconditionnelle« , a pour sa part indiqué le Front Polisario.

Dans les jours qui ont précédé la visite, la présence policière marocaine a été renforcée dans la ville sahraouie occupée et tous les militants nationalistes ont été mis sous forte surveillance, témoigne auprès d’El Confidencial Aminatou Haidar, la célèbre militante sahraouie des droits de l’Homme.

La militante à néanmoins indiqué que les sahraouis vont descendre dans la rue pour faire entendre à l’envoyé spécial du SG de l’ONU leur attachement à l’autodétermination.

Sahara occidental : coup de pression des États-Unis sur le Maroc

Selon les informations du même journal, qui cite des sources diplomatiques, la visite de Di Mistura au Sahara occidental occupé a pu se concrétiser après un énorme coup de pression des États-Unis sur les autorités marocaines.

Ce qui constitue un revers pour Rabat et la confirmation de la distance que prend l’administration du président Joe Biden avec la politique de son prédécesseur Donald Trump. Celui-ci avait reconnu la « souveraineté » marocaine sur le Sahara occidental en décembre 2020, en contrepartie de la normalisation des relations du Maroc avec Israël.

Même si l’administration Biden n’a pas annulé la décision de Trump, elle a néanmoins « stoppé tout progrès » dans le processus, note le journal espagnol, qui rappelle en outre que Washington est revenu sur l’engagement de Trump d’ouvrir un consulat à Dakhla et a refusé que les manœuvres militaires conjointes avec le Maroc, African Lion, couvrent les territoires sahraouis occupés.

El Confidencial souligne par ailleurs que depuis quelques mois, toutes les rencontres du secrétaire d’État Anthony Blinken et son adjointe Wendy Sherman avec leurs homologues marocains et algériens, se sont conclues par des déclarations « énergiques » de soutien à De Mistura. Les consultations avec celui-ci « s’intensifient« , en prévision de la prochaine réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara occidental qui aura lieu à la fin octobre prochain, ont indiqué des sources américaines.

En mai dernier, Rabat s’est plaint de déclarations d’un porte-parole du département d’État, et en août, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, en visite à Washington, s’est satisfait de l’évolution de la position des États-Unis sur le Sahara occidental.

Autre signe de cette évolution, les camps de réfugiés de Tindouf ont reçu la visite pour la première fois d’un responsable du Département d’État. Joshua Harris, en charge de la zone Afrique du Nord, y a rencontré le week-end dernier le président Brahim Ghali et d’autres membres de la direction sahraouie. La portée de cette visite est « politique et non strictement humanitaire« , analyse El Confidencial.

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