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Subventions : quel modèle pour l’Algérie ?

Subventions : quel modèle pour l’Algérie ?

Le gouvernement Tebboune a dévoilé son plan d’action. Adopté mercredi 14 juin par le Conseil des ministres, le texte sera présenté devant le Parlement à partir de demain mardi 20 juin. Il contient plusieurs mesures qui feront office de feuille de route pour redresser la situation du pays.

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Sur le plan social, le nouvel Exécutif prévoit « la mise en place de mécanismes permettant le ciblage efficace des catégories éligibles aux aides de l’État ». Autrement dit, le gouvernement veut aller vers un système de subventions ciblées.

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Comme en Algérie, la majorité des pays en voie de développement appliquent des systèmes de subvention pour venir en aide à la population, notamment dans les pays pétroliers. Des systèmes qui, à cause de leur générosité abondante, sont très vite pointés du doigt en cas de crise économique comme c’est le cas actuellement au Venezuela.

La caisse de compensation marocaine

Au Maroc, l’essentiel des subventions se fait à travers la caisse de compensation. Créé en 1941, cet organisme a pour mission principale de veiller « à la stabilisation des prix des produits de première nécessité (sucre, huiles alimentaires, produits pétroliers, gaz butane) » ainsi que « la farine nationale de blé tendre à hauteur de 10 millions de quintaux », explique son site internet. Objectif : « Amortir, par voie de péréquations et quelquefois de subventions, les différentes fluctuations des prix de certains produits atténuant ainsi leurs effets sur le consommateur ».

La caisse agit de différentes manières, le plus souvent en subventionnant directement les prix des produits de première nécessité importés.  C’est le cas des produits pétroliers et gaziers, par exemple, dont la compensation se fait à travers le paiement de la différence entre le prix d’importation et le prix de vente fixé par l’État, selon Medias24. La facture dépend donc des quantités importées et des cours du brut.

La caisse peut également agir en versant une subvention forfaitaire lors de la mise d’un produit local sur le marché comme le sucre produit au royaume. Le but étant d’encourager les producteurs locaux. Rien que pour le sucre, une subvention de 1,3 milliard de dirhams (près de 133 millions de dollars) a été accordée durant les 4 premiers mois de 2017, selon le site Agrimaroc.ma. Annuellement, ce sont trois milliards de dirhams (300 millions de dollars) de subventions qui sont accordés à la même filière, précise Medias24.

Mais, les autorités marocaines veulent réformer en supprimant progressivement les subventions pour faire ainsi des économies. En effet, avec l’arrivée d’Abdelilah Benkirane à la tête du gouvernement en 2011, les autorités ont lancé une série de réformes. En décembre 2014 et à la faveur du contre-choc pétrolier, le gouvernement marocain a mis sur les rails une dernière réforme portant la libéralisation progressive des produits pétroliers en accord avec les distributeurs.

En 2015, le gouvernement marocain s’est penché sur « l’épineuse question de la décompensation du gaz de butane », comme le qualifiait à l’époque le Huffpost. Une réforme « progressive » non encore achevée. Toutefois, le nouveau premier ministre marocain, Saad-Eddine El Othmani, semble déterminé à parachever les réformes en se fixant comme objectif la levée des subventions sur le blé, le sucre et le gaz butane, selon lereporter.ma.

L’Égypte étranglée par les subventions

Comme en Algérie, presque tous les produits de base sont subventionnés en Égypte. Pour venir en aide aux catégories les plus démunies, le gouvernement égyptien intervient en subventionnant les prix des produits de large consommation comme le riz, le sucre, le pain, l’huile… Outre les denrées alimentaires, les produits énergétiques (gaz, carburant, électricité) sont largement subventionnés par les pouvoirs publics.

Pour l’exercice financier 2017/2018, les autorités égyptiennes prévoient déjà d’allouer plus de 18 milliards de dollars aux subventions, selon Reuters citant le premier ministre égyptien, Chérif Ismaïl.

S’ajoutent à cela des programmes d’aides mis en place par les pouvoirs publics égyptiens pour acheter la paix sociale. Dernier programme en date : un plan de dépenses de près de 2,5 milliards de dollars pour calmer la grogne sociale.

Ce plan, approuvé fin mai, prévoit des réductions d’impôts sur le revenu, des primes pour les employés de la fonction publique et une augmentation des pensions et des subventions pour la prochaine année fiscale, selon le ministre égyptien des Finances, Amr el-Garhy, cité par Jeune Afrique.

En Égypte, 27,8% des 90 millions d’Égyptiens (soit près du tiers de la population) vivent sous le seuil de la pauvreté, selon les statistiques officielles de 2015.

Toutefois, en raison d’une situation économique et financière fragile, les autorités égyptiennes ont eu recours récemment à des décisions « impopulaires » pour trouver un certain équilibre. En novembre 2016, l’Égypte a dû se plier aux volontés du FMI pour obtenir un prêt de 12 milliards de dollars sur trois ans.

Pour bénéficier de ce prêt, les pouvoirs publics égyptiens ont libéré le taux de change de la livre égyptienne, adopté une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et taillé dans les subventions, selon Boursorama.

Il semblerait, d’ailleurs, que le gouvernement égyptien est déterminé à couper davantage dans les subventions pour alléger le fardeau. Début juin, le premier ministre égyptien, Chérif Ismaïl, a dévoilé l’existence d’un programme pour en finir avec les subventions sur les produits énergétiques dans les 5 prochaines années, d’après Egypt Independant. Les subventions allouées au carburant sont également dans le collimateur. En 2016, l’État égyptien a subventionné le carburant à hauteur de plus de six milliards de dollars, selon Reuters.

Le Venezuela le pays des subventions

Touché actuellement par une grave crise économique, le Venezuela a toujours pratiqué une politique sociale généreuse à outrance. Ce pays pétrolier d’Amérique latine (95% des revenus en devises), a longtemps misé sur une politique de distribution de la rente et d’aide directe aux classes les plus démunies.

Cette politique de subventions coûtait annuellement 30 milliards d’euros à l’État vénézuélien, selon Juan Carlos Sanchez, membre vénézuélien du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) cité par la Croix.

Parmi les produits dont les prix sont les plus subventionnés par les autorités, le carburant arrive en tête, avec 15 milliards de dollars par an, soit 50% des subventions annuelles. Depuis 1996, le prix du plein dans la capitale Caracas ne dépasse pas les 4 bolivars, soit 5 fois moins cher qu’un litre d’eau. « Le plus cher n’est pas l’essence, mais le pourboire laissé au pompiste », s’amusaient à dire les Vénézuéliens.

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S’ajoutent à cela les subventions allouées au secteur de la santé. Toujours selon la Croix, depuis l’arrivée de l’emblématique Hugo Chavez au pouvoir durant la fin des années 1990, le Venezuela a pratiqué une politique qui consiste à redistribuer l’argent de la rente par le biais des « nombreuses missions » et « des programmes sociaux visant les plus démunis ». Ainsi, « des quartiers populaires, qui n’avaient jamais eu de médecins, ont ainsi vu des docteurs cubains débarquer pour apporter des soins, nécessaires et appréciés ».

Mais ce pays, qui importe l’essentiel de ses produits alimentaires, subventionnés là encore, a très vite été rattrapé par la réalité. Depuis la chute des prix du brut, les Vénézuéliens vivent au rythme des pénuries avec les conséquences que l’on connait.

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