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TSA s’est procuré les chiffres : la police anticipe une hausse de la cybercriminalité en Algérie

TSA s’est procuré les chiffres : la police anticipe une hausse de la cybercriminalité en Algérie

En Algérie, la cybercriminalité a connu une hausse substantielle durant les quatre dernières années. En 2016, pas moins de 1055 infractions ont été enregistrées sur le net contre 567 en 2015, soit une hausse de plus de 53%, selon les chiffres officiels de la police obtenus par TSA. En 2015, cette hausse était de l’ordre de 43%. Pareil en 2014, où l’évolution était de 37% avec 246 affaires enregistrées contre 91 en 2013.

Une hausse qui se confirme

Durant les quatre premiers mois de 2017, la tendance haussière se confirme avec 630 affaires enregistrées, soit une augmentation de près de 56% par rapport à la même période de l’année passée.

Selon les chiffres officiels, ce sont « les grandes agglomérations » qui sont le plus touchées par la cybercriminalité en raison de « l’accès à internet ». Pour ce qui est de la typologie des infractions, elles sont, pour la majorité, liées à des affaires d’atteinte à la personne. Toutefois, des affaires relatives au terrorisme ou à l’apologie au terrorisme ont été recensées.

L’atteinte à la personne arrive en tête

Ces affaires d’atteinte à la personne peuvent prendre plusieurs formes, allant de la menace, l’intimidation ou le chantage à l’escroquerie, ou pédopornographie. En 2016, pas moins de 28 affaires d’escroquerie sur le net et 20 autres de pédopornographie ont été recensées par les services de police.

Plus en détail, les 1055 affaires cybercriminelles enregistrées l’année passée ont fait 1023 victimes, dont 138 mineurs et 76 personnes morales. Elles ont conduit à l’interpellation de 946 personnes dont 104 mineurs, soit un taux d’élucidation de plus de 89%, d’après les chiffres de la police.

Autre fait grave : le recours ces deux dernières années, par les cybercriminels, à des techniques complexes utilisées généralement par des bandes organisées. Parmi ces techniques, figurent le skimming (détournement des informations d’une carte bancaire d’un consommateur pendant son utilisation) et le phishing (appelé également hameçonnage, une technique utilisée par les fraudeurs pour l’usurpation des identités).

Une hausse qui devrait durer

Saïd Bachir, chef de service central de la lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (TIC) à la DGSN, explique la hausse des affaires liées à la criminalité sur internet par la « sensibilisation » menée par les forces de sécurité pour inciter les citoyens algériens à dénoncer les infractions du net.

« Cette hausse revient essentiellement aux efforts de sensibilisation qui ont fait que le citoyen algérien soit impliqué dans la lutte contre la cybercriminalité. Aujourd’hui, le citoyen s’oriente vers nos brigades pour signaler les infractions ou pour déposer plainte », se félicite-t-il.

Outre l’effort de sensibilisation, l’accès à internet, devenu de plus en plus facile dans les 48 wilayas du pays, est une source de motivation pour les cybercriminels du fait de l’anonymat que peut offrir la toile, d’après les explications de notre interlocuteur. « L’émergence de la connectivité grâce à l’augmentation de l’accès à internet a conduit à la hausse de la cybercriminalité », détaille M. Bachir.

Pour lui, une augmentation est même attendue durant les années à venir en raison de « l’avènement du commerce électronique en Algérie ». « On s’attend à plus de cybercriminalité avec l’arrivée du commerce électronique », prévoit-il.

L’Algérie est moins touchée que les pays développés

Toutefois, l’Algérie reste un pays, à une certaine mesure, moins touché par la cybercriminalité que d’autres pays, notamment occidentaux. Le retard accusé en matière de commerce électronique, source de motivation pour les voleurs sur le net, ainsi que celui lié à la mauvaise qualité de la connexion à internet expliquent cette situation par rapport aux pays occidentaux.

« Il n’y a pas assez d’offres sur internet en ce qui concerne le commerce électronique », justifie M. Bachir. « Dans la majorité des pays où la cybercriminalité est importante, le commerce électronique est développé. Comme il y a cette tentation pour le gain facile, la motivation devient forte », analyse-t-il.

Selon lui, le travail de terrain que mène le service central de la lutte contre la criminalité liée aux TIC de la DGSN y est également pour quelque chose. L’un des aspects les plus importants de ce travail, indépendamment de la détection des infractions et l’élucidation des affaires, est la « sensibilisation », avance M. Bachir.

« La prévention c’est la veille (sur internet pour détecter les infractions), mais la prévention c’est également la sensibilisation.  Cette sensibilisation se matérialise à travers l’organisation d’actions, à travers l’ensemble du pays, que ce soit dans les places publiques, écoles ou universités, qui nous permettent d’avoir un contact direct avec les citoyens pour les prévenir et les inciter à signaler », indique-t-il. Et de conclure, « il faut connaitre cette face cachée d’internet ».

Fin mai, le commissaire principal, Saïd Bachir, a été désigné par le secrétariat général de l’OIPC (Organisation internationale de protection civile)-Interpol à la tête d’un groupe d’experts d’Interpol, de la région Mena (Afrique du nord et Moyen-Orient),  chargé de la lutte contre la cybercriminalité.

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