Le professeur Noureddine Smaïl, directeur général de l’Institut national de santé publique (INSP), a tiré la sonnette d’alarme ce jeudi sur la situation épidémique liée à la Covid-19 en Algérie, estimant qu’elle est « préoccupante ».
« Actuellement, il y a une situation qui est quand même assez préoccupante dans le sens où nous avons une ascension de la courbe des effectifs de cas recensés et puis une pression sur les médecins des hôpitaux », a affirmé le professeur Smaïl dans une déclaration à TSA. « Elle reste cependant maîtrisable pour peu que nous ayons déjà beaucoup plus de bavettes qu’il y avait il y a quelque temps de cela », a ajouté le professeur.
« Je crois que la population a pris conscience que mettre la bavette et faire la distanciation sont les seuls moyens de nous en sortir », a fait savoir le directeur général de l’INSP, estimant cependant qu’il y a « quand même une sonnette d’alarme à tirer. On est à plus de 800 cas par jour, c’est en train de progresser donc il faudrait à tout prix que nous fassions attention et que nous prenions le maximum de mesures préventives. C’est les seuls qui sont à même de diminuer la transmission de la maladie », a-t-il préconisé.
Le professeur Noureddine Smaïl a également évoqué l’annonce effectuée dernièrement par le géant pharmaceutique Pfizer sur son vaccin efficace à 90 %, se disant « optimiste » sur la perspective de voir arriver prochainement un vaccin pour prévenir la maladie à coronavirus.
« Par rapport à tout l’élan de recherche qui s’est fait dans la communauté scientifique, moi je suis optimiste dans le sens où les publications que nous avons sur l’état d’avancement de cette recherche d’un vaccin sont suffisamment crédibles et apportent suffisamment de preuves de l’état d’avancement de ce vaccin, donc personnellement je suis optimiste », a indiqué le directeur général de l’Institut national de santé publique.
Le professeur Smaïl a également expliqué les différentes phases par lesquels un vaccin doit passer sur l’essai clinique avant sa commercialisation sur le marché. « Si on entend parler de phase 3 comme vous êtes en train de le souligner, beaucoup de laboratoires sont à cette phase. Beaucoup de ces pays qui font de la recherche sont pratiquement à cette phase », a indiqué le spécialiste.
« C’est une phase cruciale de la recherche en termes d’essais cliniques et en termes de production et d’identification de nouvelles molécules thérapeutiques ou bien préventives tel que le vaccin. Ça passe toujours par des phases d’essai qui vont commencer par l’animal jusqu’à vérifier la non-toxicité au niveau de l’animal et puis on passe à l’Homme et c’est là que chez l’Homme ils commencent à développer par phase l’essai du vaccin sur l’Homme », a expliqué le professeur.
Le directeur général de l’INSP a détaillé ainsi que le vaccin « va passer une phase où il y aura quelques volontaires sur lesquels on essaie pour voir s’il n’est pas toxique, puis une phase 2 qui peut se subdiviser en deux phases, où on vérifie autant l’efficacité que sa toxicité. Et puis la phase 3 c’est là où on est prêt pratiquement et on doit faire un essai sur un peu plus de personnes, un essai de grande envergure. Ceci une fois qu’on s’est assuré de la non nocivité du vaccin ou du produit médicamenteux ».
Futur vaccin contre la Covid-19 de Pfizer : l’Algérie dispose-t-elle de la logistique nécessaire ?
« C’est l’épreuve de cette phase vérifiée qui va nous faire délivrer l’autorisation de mise sur le marché du médicament ou du vaccin qu’on a produit », a fait savoir le professeur Smaïl qui ajoute que « dire qu’on est en phase 3 pour un vaccin, ça veut dire qu’on est pratiquement à l’issue de notre effort et c’est bientôt fini, il ne reste que des vérifications à faire ».
Le professeur Noureddine Smaïl a par ailleurs précisé qu’il existe « une phase 4 qu’on appelle la pharmacovigilance, c’est elle qui consiste dans les premières années malgré les preuves apportées par la phase 3, à surveiller pour encore détecter des éventuels accidents qui nous ont échappé dans la phase 3. La phase 3 c’est la phase d’arrivée sur le marché du médicament ou du vaccin », a-t-il réitéré.
Le directeur général de l’Institut national de santé publique a enfin évoqué les défis logistiques que peut présenter pour l’Algérie un vaccin de type ARNm, qui est en train d’être développé par le géant pharmaceutique américain Pfizer avec son partenaire allemand BioNTech notamment la nécessité de maintenir le vaccin à une température très basse. Ce vaccin doit être stocké sous des températures inférieures à -80 °C.
« Je pense que s’il y a lieu de le faire, l’Algérie pourrait s’offrir les moyens. Même si nous ne les avons pas localement, nos pouvoirs publics ont répété à maintes reprises que tout sera fait quel que soit le prix à payer pour que tous les Algériens soient vaccinés et protégés de la Covid », a soutenu le professeur.
« Je fais entièrement confiance à ces déclarations qui vont faire que quel que soit la façon dont il faudra l’obtenir, nous l’obtiendrons. Je suis très serein. Nous allons adopter toutes les approches et toutes les démarches qu’il faut pour que l’Algérien soit vacciné », a souligné le professeur Smaïl.