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Vaccination anti-Covid : un spécialiste tire à boulets rouges sur le gouvernement

Vaccination anti-Covid : un spécialiste tire à boulets rouges sur le gouvernement

Le professeur Nacer Djidjli, chef du service de chirurgie pédiatrique à l’hôpital de Belfort à Alger tire à boulets rouges ce mardi sur le gouvernement, mettant en lumière leur manque de transparence et l’opacité dans la communication autour de la stratégie de vaccination de l’Algérie contre la Covid-19.

« Ce qui est incompréhensible, c’est cette histoire de vaccin. Personne ne sait exactement ce qui est en train de se passer », dénonce le professeur Djidjli dans un entretien accordé à TSA. « Les pays voisins, comme le Maroc, viennent de recevoir le vaccin et vont commencer la campagne dans les jours qui suivent. Pourquoi ? Parce qu’ils s’y sont pris au mois de mai », signale le professeur.

« Les Européens c’est la même chose. Ils ont commandé le vaccin il y a plusieurs mois. Et on vient d’apprendre que le laboratoire AstraZeneca ne peut pas fournir tout le monde, même les gens qui ont commandé il y a plusieurs mois. Par quel miracle on vient nous dire que l’Algérie va commander chez AstraZeneca ? », s’interroge le professeur Nacer Djidjli.

Soulignant le rôle « extrêmement important » de la communication dans ce genre de « périodes troubles », le professeur Djidjli déplore le fait de ne « pas savoir ce qui est en train de se passer dans notre pays ».

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 « C’est de la science-fiction »

« On s’est réveillé au mois de décembre parce que le président de la République a dit qu’il faut vacciner en janvier. Ça a mis brutalement au branle-bas de combat. Pourquoi nos pays voisins ont fait une commande il y a longtemps ? », s’interroge une nouvelle fois le professeur Djidjli, qualifiant la stratégie de l’Algérie « d’échec » et estimant que « ce n’est pas pour demain qu’on aura des vaccins ».

Le chef du service de chirurgie pédiatrique à l’hôpital de Belfort fustige également les déclarations surréalistes du gouvernement et l’absence totale de communication sur le dossier de la vaccination.

« Il y a énormément de zones obscures, de silences. On n’arrive plus à savoir exactement ce qui est en train de se passer. Quand un ministre vient nous dire que tel contrat de tant de millions de doses vient d’être annulé, sans aucune explication… On n’est pas citoyens de ce pays pour ne pas avoir droit à une explication ? », s’indigne le professeur Djidjli, soulignant pour « qu’il y ait de la confiance en les gens qui nous gouvernent, il faut de la transparence et une communication fiable. Qu’on ne vienne pas nous dire qu’il n’y a pas, sans explication », tranche-t-il.

« Le mois de janvier est terminé, alors que le président avait dit avant la fin de janvier. Mais, parti comme c’est parti, je vous assure que moi j’ai peur », affirme le professeur Nacer Djidjli, déplorant que « cette cacophonie, cette absence totale de transparence et de communication fiable fait que les gens se rabattent sur n’importe quelle communication qui vient d’ailleurs ».

« Tout peut être cru et colporté et on ne peut pas reprocher aux gens qu’il y a eu des manquements, des trajets tortueux et même peut-être des choses qui ne devaient pas être faits. C’est parce qu’il y a un manque total de communication », dénonce le professeur.

Le professeur Djidjli n’a également pas manqué de pointer du doigt les déclarations qualifiées « d’irréalistes » tenues par le président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, le professeur Kamel Senhadji.

« Le président de la République a nommé un collègue à la tête de l’Agence de la sécurité sanitaire, le professeur Sanhadji. Il dit qu’on va vacciner 100 000 citoyens par jour. Je crois que c’est vraiment de la science-fiction », estime le professeur Djidjli.

« On aurait aimé entendre du professeur Sanhadji pourquoi tel vaccin a été choisi, quand est-ce que le vaccin va venir, quand va commencer la vaccination… Mais pas des annonces sans lendemain affirmant qu’on va vacciner 100 000 par jour. Sur quelle base le calcul a été fait ? Comment peut-on avancer des chiffres complètement irréalistes alors qu’on n’aura pas de sitôt le vaccin ? », questionne le chef de service à l’hôpital de Belfort.

« Je ne voudrais pas être pessimiste, mais je dirais qu’on a au moins raté le volet essentiel de la communication et de la transparence », conclut le professeur Nacer Djidjli.

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