search-form-close
Fin de la grève dans les écoles : le gouvernement et le Cnapeste entretiennent l’opacité

Fin de la grève dans les écoles : le gouvernement et le Cnapeste entretiennent l’opacité

Fin de la grève dans l’Éducation nationale. Les enseignants rejoindront leurs postes demain jeudi 1er mars. C’est ce qu’a décidé le Cnapeste qui met fin ainsi à son bras de fer avec le ministère de l’Éducation. Pendant trois mois, les établissements de Blida, de Bejaia et de Tizi Ouzou ont fermé leurs portes aux élèves avant que la contestation n’atteigne d’autres parties du territoire national durant le mois de février.

Opacité au Cnapeste

Tout au long du mouvement de grève, le dialogue de sourds avait prévalu entre les grévistes et le ministère de l’Éducation. Pas plus tard que lundi, Nouria Benghabrit a haussé le ton en accusant le Cnapeste de manipuler et de prendre en otage les élèves. Elle a ajouté « qu’une enquête sera diligentée pour savoir qui a incité les élèves à sortir dans la rue ».

24 heures après cet énième épisode de tension, la ministre change radicalement de ton. Sur sa page Facebook, elle poste le message suivant : « Sensible à la situation des enseignants et en droite ligne des orientations de SEM le président de la République sur le renforcement du dialogue et de la concertation avec l’ensemble des partenaires sociaux, le ministère de l’Éducation nationale confirme, encore une fois, que les portes sont ouvertes ».

Le message adressé aux 13.000 enseignants radiés, a été perçu comme un signe d’apaisement par le Cnapeste. Qu’est-ce qui a poussé la ministre à reculer sur ses positions ? Qu’est-ce qui a pu convaincre le Cnapeste que la ministre est sincère cette fois-ci ? Nous n’aurons aucun élément de réponse ni de la part du Cnapeste, ni de celui de la ministre. Et pourtant, les deux parties qui pendant trois mois ont bloqué l’école, sont moralement dans l’obligation d’expliquer aux élèves et à leur parents les raisons de ce dénouement.

S’exprimant sur TSA Direct, Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, a affirmé que « de nombreuses parties nous ont contactés (…). Les hautes autorités du pays ont donné des garanties et nous ont affirmés qu’ils prenaient en charge nos revendications. Les élèves également sont rentrés dans l’équation ». Quel genre de garantie a eu le Cnapeste ? Et surtout qui a contacté le syndicat ? Le syndicat n’en dira rien.

| LIRE AUSSI : Pourquoi le Cnapeste a suspendu sa grève

Les tergiversations du gouvernement   

Du côté du gouvernement, le dossier des grévistes a été géré d’une manière très improvisée. Avant de céder, l’Exécutif a joué la carte de la pression et de la menace. Il a été appuyé par une décision de la justice qui a déclaré « illégale » la grève des enseignants. Mais en recourant à la justice, le ministère de l’Éducation n’avait-il pas fermé en réalité la porte du dialogue avec le syndicat ?

| LIRE AUSSI : La justice pour freiner la grogne sociale ?

Pendant la crise, la ministre a bénéficié d’un soutien de taille, celui d’Ahmed Ouyahia, le Premier ministre. Ce dernier n’a pas hésité de qualifier les enseignants de « pirates ». « Aujourd’hui, des pirates imposent à vos enfants de payer 500 dinars/heure pour étudier », a-t-il dit devant les militants du RND, le 16 février dernier à Biskra. Avant d’ajouter : « Il est temps d’arrêter le train de l’anarchie ».

En tenant cette position, Ouyahia fermait une deuxième porte de dialogue, contribuant ainsi à envenimer la situation.

Le Premier ministre aurait pu jouer le rôle de l’apaisement en recevant les représentants des grévistes pour débattre avec eux des problèmes du secteur. Un geste qui aurait rassuré les enseignants, les élèves et les parents, et évité la paralysie au secteur pendant plusieurs semaines. C’est d’autant plus surprenant que dès son installation à la tête de l’Exécutif, Ouyahia avait montré une volonté à dialoguer avec les partenaires. Il avait notamment participé à l’université d’été du FCE avec plusieurs ministres du gouvernement qui ont écouté des heures durant les doléances des patrons. Pourquoi ne pas opter pour la même démarche avec les enseignants ?

Il a fallu l’intervention tardive du Président- si on se réfère au communiqué de Benghabrit – pour que le conflit soit résolu. Là encore, on ne peut que se demander pourquoi le chef de l’État a attendu tout ce temps pour s’impliquer dans un conflit qui a trop duré.

| LIRE AUSSI : Le Cnapeste : ange ou démon ?

  • Les derniers articles

close