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Les leçons d’un remaniement

Les leçons d’un remaniement

C’est la montagne qui accouche d’une souris. Le remaniement ministériel qui tenait en haleine une partie de l’opinion depuis des semaines, du moins la classe politique, a enfin eu lieu.  Mais point de surprise, encore moins de coup de théâtre. Les poids lourds du gouvernement continueront à diriger leurs départements respectifs sous la conduite du même chef d’orchestre.

On disait Ahmed Ouyahia partant, il n’en sera rien. C’est peut-être l’essentiel à retenir de ce mini-remaniement. On sait maintenant que le chef du RND restera en place, peut-être pas jusqu’à la prochaine présidentielle, mais au moins pour quelques mois encore, étant donné que, la parenthèse Tebboune mise à part, il n’est pas d’usage de changer de gouvernement tous les mois.

Le départ de quatre ministres de l’exécutif servira déjà à cela : faire taire les rumeurs farfelues dont faisait l’objet Ahmed Ouyahia dont on a vite lié la relative éclipse de la scène publique à un supposé conflit avec la présidence de la République, auquel on a prêté, à tort ou à raison, des ambitions présidentielles, et qui a fait un tel profil bas que tout le monde a cru son départ inéluctable.

Néanmoins, son maintien ne signifie nullement le renforcement de sa position, à en croire des sources au fait du dossier qui assurent que la mission principale assignée à l’exécutif actuel est de préparer la loi de finances complémentaire 2018. Les mêmes sources relèvent qu’aucun des « ministrables » qu’Ouyahia aurait proposés en décembre dernier n’a été retenu. Mieux, l’un des ministres partants, celui du Commerce Mohamed Benmeradi, est considéré comme un proche du Premier ministre.

Sans aller jusqu’à dire qu’il était prévisible, d’aucuns lient le départ de Benmeradi à sa gestion du lourd dossier de l’encadrement des importations. La liste des 851 produits interdits à l’importation qui a généré des hausses de prix de certains produits, l’attribution parfois opaque des licences et surtout le mécontentement de certains producteurs à cause de l’interdiction d’importation d’intrants sont autant d’éléments qui auraient précipité ce changement qui augure peut-être de nouvelles orientations sur ce dossier précis. Quant à son remplaçant, Saïd Djellab, on sait tout juste qu’il est un ancien cadre du même ministère, limogé par Abdelmadjid Tebboune du temps où il assurait l’intérim de ce département. Mais aucune lecture n’est possible à ce stade.

Par ailleurs, celui qui dénonçait, sous Tebboune, l’industrie d’assemblage de véhicules comme étant de l’importation déguisée, Mahdjoub Bedda en l’occurrence, fait son retour dans l’équipe gouvernementale comme ministre des Relations avec le Parlement.  Certes, il ne dirigera pas de nouveau le département de l’Industrie, mais son retour pourrait être lié au changement constaté dans l’attitude des autorités vis-à-vis de la filière avec cette pression maintenue sur les constructeurs et concessionnaires afin qu’ils baissent leurs prix. Autrement dit, le temps semble lui avoir donné raison.

L’autre départ qui fera sans doute beaucoup de bruit, c’est celui de Ould Ali El Hadi. À la tête du ministère de la Jeunesse et des sports depuis 2014, ce fidèle parmi les fidèles du cercle présidentiel s’est distingué par ses ingérences flagrantes et répétées dans la gestion des fédérations sportives, faisant encourir à l’Algérie le risque d’une exclusion des compétitions internationales dans plusieurs disciplines. En conflit avec l’ancien président de la Fédération de football, Mohamed Raouraoua, qu’il a fini par pousser vers la sortie en dépit de ses innombrables réalisations, il a aussitôt ouvert un nouveau front contre, cette fois-ci, le président du Comité olympique.

Mais le chevronné Mustapha Berraf tiendra bon et poussera l’inexpérimenté Ould Ali à l’erreur à plusieurs reprises, comme cette poignée de mains froide qui a fait scandale lors du symposium du renouveau du football algérien. Ould Ali n’a peut-être fait qu’exécuter une feuille de route toute tracée mais son style a fini par rendre sa cause indéfendable.

L’ancien militant du MCB (Mouvement culturel berbère) est parti et son remplacement par un personnage issu de l’administration (Mohamed Hattab wali de Béjaïa jusque-là), devrait permettre un retour à des rapports apaisés entre les différents acteurs du sport national.

| LIRE AUSSI : Remaniement ministériel : Mustapha Berraf réagit au départ d’El Hadi Ould Ali

Quant à Tahar Khaoua, il quitte ses fonctions de ministre des Relations avec le Parlement à cause probablement du scandale de sa déchéance de son diplôme universitaire qu’il aurait obtenu par complaisance mais peut-être aussi pour ses sorties tonitruantes à l’APN à l’encontre de certains responsables, comme le président de l’assemblée, Saïd Bouhadja, qu’il descendu en flammes tout récemment.

Reste l’énigme du ministère du Tourisme. Ce département semble voué à une instabilité chronique puisque Mohamed Mermouri, qui l’a dirigé depuis le mois d’août seulement, le quitte déjà. Pour rappel, le poste était resté vacant pendant trois mois après avoir été éphémèrement occupé par Messaouyd Benaggoun, limogé au bout de 48 heures. Le nouveau titulaire de ce portefeuille est un autre wali, Abdelkader Benmessaoud, en poste à Tissemsilt.

Cela dit, l’événement ce ne sont pas que ces départs et arrivées. Le maintien de certains ministres qu’on disait partants mérite aussi d’être signalé. À commencer par celui de la Santé et celle de l’Éducation nationale dont les secteurs respectifs ont été marqués par de graves conflits sociaux ces derniers mois. Marque de confiance pour Mokhtar Hasbelaoui et Nouria Benghebrit ou maintien du cap de la fermeté dans la gestion des conflits sociaux ?

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