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Les mauvaises nouvelles économiques de l’été

Les mauvaises nouvelles économiques de l’été

NEWPRESS

Durant la période estivale qui vient de s’achever, l’actualité économique n’a pas vraiment fait de pause. L’été caniculaire de 2017 aura été marqué par une très vive polémique entre les milieux d’affaires et l’Exécutif, suivie par un changement de Premier ministre en plein cœur du mois d’août.

Mais aussi et surtout par de mauvaises nouvelles qui semblent s’accumuler et qui assombrissent les perspectives de l’économie algérienne : ralentissement de la croissance, augmentation du chômage, érosion des réserves de change, échec de la politique des licences d’importation et stagnation des prix pétroliers.

L’économie détruit des emplois

Commençons par le plus dur. La plus mauvaise nouvelle de l’été a été traitée de façon un peu routinière par la plus grande partie des médias et des commentateurs nationaux. Le 12 août dernier, l’Office national des statistiques (ONS) annonçait un taux de chômage en forte hausse, à 12,3% en avril 2017 contre 10,5% en septembre 2016.

Les chiffres publiés par l’ONS sont inquiétants. Ils indiquent que pour la première fois depuis très longtemps, la population occupée a carrément diminué. Selon l’ONS, la population occupée était estimée à 10,769 millions de personnes en avril 2017 contre 10,845 millions de personnes en septembre 2016. Le nombre d’Algériens qui travaillent a donc diminué de plus de 70.000 personnes en un peu plus de 6 mois.

On s’y attendait en raison de la diminution des commandes publiques, la baisse du volume de l’emploi entre septembre 2016 et avril 2017 a surtout touché le secteur du BTP avec un solde négatif de 91.000 personnes, ainsi que le commerce, les services et l’administration publique (un solde négatif de 84.000). En revanche, un solde positif a été enregistré par l’ONS pour le secteur de l’agriculture (63.000) et l’industrie (36.000) comparativement à septembre 2016.

En conséquence, le nombre de chômeurs est en hausse très sensible. La population au chômage a ainsi atteint 1,508 million de personnes, soit un taux de chômage de 12,3% au niveau national, en hausse de 1,8 points par rapport à septembre 2016. Les jeunes sont les plus touchés et l’office indique que le taux de chômage des jeunes de 16-24 ans est actuellement tout proche de la barre des 30%.

Le FMI ne s’était pas trompé

C’est une autre mauvaise nouvelle. On peut rappeler qu’au printemps dernier, le FMI et la Banque mondiale prévoyaient une hausse sensible du taux de chômage en Algérie en 2017 et en 2018. Une hausse attendue en raison du ralentissement sensible de la croissance économique .

Le FMI annonçait ainsi que  la croissance réelle du PIB de l’Algérie devrait entamer une nette tendance au ralentissement dès cette année en anticipant un tassement de la croissance économique à 1,4% en 2017. La situation devrait encore s’aggraver l’année prochaine avec une baisse encore plus sensible de la croissance prévue à un niveau de seulement 0,6%.

Le gouvernement algérien, par la bouche du ministre des Finances de l’époque, Hadji Baba Ammi, avait alors jugé ces prévisions « exagérément pessimistes » .Mais apparemment, le FMI ne s’était pas trompé, lui qui prévoyait près de 300.000 chômeurs supplémentaires d’ici la fin de l’année prochaine.

On connait les remèdes préconisés, dès le printemps dernier, par les institutions financières internationales pour éviter une détérioration prolongée de notre situation économique : un cocktail de « flexibilité du dinar », d’endettement extérieur « modéré » et de cessions d’actifs publics. On sait aussi que ce n’est pas dans cette direction que s’est orienté au cours des derniers mois le gouvernement algérien et c’est ici qu’interviennent les autres mauvaises nouvelles de l’été.

Les importations ne diminuent plus

Dans le but d’éviter un recours, même limité, à l’endettement extérieur, et suite aux orientations très claires du chef de l’État dans ce domaine, les gouvernements algériens de Sellal et Tebboune ont fait le pari de réduire très sensiblement les importations du pays. Cette politique a tout d’abord donné quelques résultats en 2015 et dans la première partie de l’année 2016 . Mais malgré l’extension du régime des licences d’importation à un nombre croissant de produits, elle semble nettement en panne depuis la fin de l’année dernière .

En juillet, les statistiques des Douanes algériennes (Cnis) semblaient traduire un léger frémissement en indiquant une baisse des importations de 4% pour les six premiers mois de l’année. Espoir déçu avec les résultats publiés par les Douanes  le 22 août dernier qui confirment que les importations ne diminuent plus depuis un an (à peine 1% de baisse sur les 7 premiers mois de l’année 2017 par rapport à la même période de 2016) .

Le yoyo estival du prix du baril

Face à des importations qui ne diminuent pas, la dernière marge de manœuvre disponible dans la panoplie des « instruments autorisés »  par les orientations récentes du président Boutéflika reste donc le prix du baril de pétrole .Malheureusement, dans ce domaine aussi, les nouvelles ne semblent pas très bonnes. Après avoir été résolument orientés à la hausse dans le sillage de l’accord Opep – non Opep de décembre 2016, à la conclusion duquel l’Algérie avait pris une part non négligeable, les cours ont de nouveau faibli sensiblement en juin et juillet (repassant sous la barre des 50 dollars pour le Brent) avant de se redresser légèrement au mois d’août.

Ce redressement des cours pétroliers à des niveaux proches de 50 dollars se conjugue, ce qui en relativise la portée, à une forte baisse du dollar par rapport à l’euro en particulier (baisse de près de 15% depuis le début de l’année), qui réduit d’autant le pouvoir d’achat international de nos recettes pétrolières.

Des mauvaises nouvelles en série qui constituent un « cadeau de bienvenue » dont se serait certainement bien passé le nouveau gouvernement d’Ahmed Ouyahia qui voit ainsi ses marges de manœuvre économiques et financières se réduire très sérieusement.

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