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Logement : la politique de l’autruche du gouvernement

Logement : la politique de l’autruche du gouvernement

Le ministère de l’Habitat a annoncé, lundi 13 août, la résiliation de 475 contrats de réalisation d’un total de 25393 logements subventionnés par l’État.

Le département d’Abdelwahid Temmar, qui a annoncé la nouvelle dans un communiqué laconique publié sur sa page Facebook, a justifié cette mesure collective, décidée par le ministre en personne, par les retards enregistrés dans la réalisation de ces logements. Il n’a rien dit sur l’avenir de ces programmes.

Résiliation massive

À première vue, le ministre de l’Habitat a pris une décision courageuse. Traditionnellement, l’administration évite de résilier massivement les contrats conclus avec les entreprises, surtout étrangères, et opte souvent pour la manière douce pour régler les conflits et résoudre les problèmes.

Le ministre Temmar a préféré rompre avec cette mauvaise tradition pour frapper d’une main de fer dans un secteur, où le respect de la clause relative aux délais de réalisation est souvent brandit par l’administration et les ministres pour menacer les entreprises et leur demander d’aller vite sous peine de résiliation des contrats.

Les menaces de résiliation ont rarement été mises à exécution. Résultat : les projets sont livrés avec des retards considérables et une qualité de travaux douteuse, parfois désastreuse. Livrés à eux-mêmes, les acquéreurs n’ont aucun moyen de recours, ni de pression sur les entreprises et les promoteurs publics (ADDL, ENPI, OPGI, etc).

Règles non écrites

Derrière cette façade hideuse, la situation est encore plus pourrie. Les retards dans la livraison des logements sont la conséquence directe de la gestion hasardeuse du secteur de l’Habitat, gangréné par la corruption.

Les contrats sont parfois attribués de gré à gré, dans des conditions opaques, à des entreprises, qui ensuite agissement en toute impunité.

Les relations entre les entreprises algériennes et étrangères et l’administration sont régies par des règles non écrites, ou chacun trouve, plus au moins son compte, à l’ombre de la pléthore de lois et de règlements, censés réguler un secteur vital pour l’économie nationale, mais qui est souvent ignoré.

Dans ce contexte, l’Algérie n’arrive pas toujours à construire des logements dans des délais raisonnables, même lorsqu’elle fait appel à des groupes de taille mondiale. L’administration est responsable en grande partie de cette incapacité à moderniser les techniques de construction, et à passer l’étape de l’industrialisation du logement.

Trop d’intérêts personnels sont en jeu et les programmes lancés par l’État représentent des mannes de plusieurs milliards de dollars, qui en en l’absence de transparence, profitent à la clientèle du régime et aux réseaux de corruption.

 

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Blanchiment d’argent

Dans le domaine du bâtiment, le logement n’est pas le seul segment malade. L’urbanisme n’existe quasiment pas. Devenu le recéptacle de l’argent sale, l’immobilier haut de gamme notamment, comme l’a montré l’affaire de Kamel Chikhi dit « El Boucher », échappe à tout contrôle.

Les règles de l’urbanisme sont bafouées, l’anarchie règne. Chacun construit, comme il veut, avec ses propres normes. Surtout les puissants et influents promoteurs immobiliers, qui ne respectent aucune loi. Résultat : nos villes et villages sont devenus des ensembles de maisons et bâtiments hideux ; où il ne fait pas bon vivre. Les villes algériennes ne sont pas encore entrées dans la modernité urbanistique.

La responsabilité de Temmar

Abdelwahid Temmar connaît bien le secteur. Ancien directeur de l’Urbanisme de la wilaya d’Oran, l’actuel ministre de l’Habitat est sans doute au courant, dans les moindres détails, des pratiques malsaines de l’administration et des entreprises de bâtiment.

Se contenter de résilier des contrats, sans s’attaquer aux causes profondes qui sont à l’origine des longs délais et de la qualité de réalisation des logements en Algérie, est un coup d’épée dans l’eau. C’est du rafistolage.

Depuis qu’il occupe ce poste, M. Temmar n’a mené aucune réforme pour réduire les délais de réalisation, améliorer la qualité des logements, et faire respecter les règles de l’urbanisme.

Il s’est contenté, comme ses prédécesseurs, de s’occuper du suivi des chantiers de la Grande Mosquée d’Alger et des logements publics qui constituent l’un des principaux instruments de la politique sociale du gouvernement.

 

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