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Ouyahia dépeint un tableau sombre de la situation financière de l’Algérie

Ouyahia dépeint un tableau sombre de la situation financière de l’Algérie

Sidali Djarboub / NewPress

Le Plan d’action du gouvernement a été approuvé mercredi 6 septembre par le Conseil des ministres, réuni sous la présidence du chef de l’État. Dans le document de 54 pages, le Premier ministre justifie le recours au financement interne non conventionnel pour faire face à la crise économique.

Ahmed Ouyahia avance plusieurs arguments. Il commence par les réalités de la crise financière qui frappe l’Algérie depuis 2014. « Depuis 2014, l’Algérie est frappée par une crise financière qui s’annonce durable, car rien ne prévoit, à court et moyen terme, un redressement sensible des prix du pétrole », prévient-il, avant d’enchaîner, en soulignant la situation financière préoccupante de l’Algérie.

« Situation des finances publiques préoccupante »

« L’Algérie enregistre un déficit commercial (plus de 20 milliards de dollars en 2016), et un déficit continu de la balance des paiements (plus de 26 milliards de dollars à fin 2016). En définitive, au niveau extérieur, l’Algérie est ou demeure économiquement souveraine, grâce aux réserves de change accumulées durant les années passées », atténue-t-il, en précisant que ces réserves ont fondu de moitié entre juin 2014 (195 milliards de dollars) et juillet 2017 (105 milliards de dollars).

Mais si l’Algérie n’est pas en cessation de paiement vis-à-vis de l’étranger, en interne, la situation des finances publiques est « préoccupante ». « Au niveau intérieur, la situation des finances publiques est préoccupante », lance Ouyahia, en révélant que l’État a épuisé son épargne interne.

« Le recul de la fiscalité pétrolière a généré des déficits budgétaires répétés, entraînant la consommation de la totalité de l’épargne du Trésor qui était logée au Fonds de régulation des recettes épuisé en février 2017 », explique-t-il.

Les caisses de l’État sont vides

Ouyahia poursuit l’étalage de ses arguments en remarquant que l’État a non seulement vidé le FRR, mais aussi épuisé toutes les autres ressources complémentaires recueillies par le Trésor public, ces deux dernières années. Il cite « l’emprunt national, les versements exceptionnels, l’emprunt extérieur auprès de la Banque africaine de développement, pour l’équivalent d’une centaine de milliards de dinars ».

Cependant, avertit Ouyahia, « la situation demeure extrêmement tendue au niveau du budget de l’État : dans la situation actuelle, l’année 2017 sera clôturée avec des difficultés réelles, alors que l’année 2018 s’annonce plus complexe ».

Deux scénarios catastrophes

Après avoir dépeint un tableau sombre de la situation financière du pays, Ahmed Ouyahia évoque ensuite les risques que cette crise économique fait peser sur le pays. En l’absence de solutions nouvelles, il évoque deux scénarios catastrophes  pour l’Algérie : la faillite de l’État ou le recours au FMI. « Ou bien, une incapacité à assurer la dépense publique, avec des conséquences économiques, sociales et même politiques périlleuses pour le pays », prévient-il. Et d’ajouter : « Ou alors, un processus de perte de souveraineté économique, commençant par recours massif à l’endettement extérieur, avec à moyen terme, une incapacité à honorer le service de la dette, entraînant le recours aux institutions financières internationale, en contrepartie de mesures économiques et sociales draconiennes. L’Algérie a déjà vécu cette situation dans les années quatre-vingt-dix », développe Ouyahia.

Pour mieux justifier le recours à la planche à billets, la solution retenue pour faire face à la crise, il souligne que le peuple algérien « n’est pas prêt à revivre l’expérience douloureuse » des années 1990 et l’intervention du FMI, qui avait provoqué des licenciements massifs et une hausse vertigineuse des prix des produits de large consommation.

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Endettement extérieur prohibé 

Le Premier ministre poursuit sa plaidoirie, en rappelant que c’est le président Bouteflika, qui a chargé en juin dernier, le gouvernement, alors dirigé par Tebboune, de « promouvoir à titre exceptionnel, des financements internes non conventionnels, qui pourraient être mobilisés pendant une période de transition financière ». Il rappelle aussi que le chef de l’État a prohibé « le recours de nouveau à l’endettement extérieur ».

Cinq années pour rétablir la situation 

Ensuite, il explique brièvement ce que c’est le financement interne non conventionnel et ses objectifs. « L’introduction du financement non conventionnel est l’objet d’un projet de loi portant amendement de la Loi sur la monnaie et le crédit. Elle sera mise en œuvre à titre exceptionnel, pour une période transitoire de cinq années, et permettra au Trésor d’emprunter directement auprès de la Banque d’Algérie, pour faire face au déficit budgétaire, convertir certaines de ses dettes contractées auprès des banques ou d’entreprises publiques, et alimenter le Fonds national de l’investissement de sorte qu’il puisse concourir au développement économique », détaille Ouyahia.

Le Premier ministre se fixe un délai de cinq années pour rétablir l’équilibre budgétaire : « L’État poursuivra la mise en œuvre de sa feuille de route pour la rationalisation des dépenses publiques en vue de la restauration de l’équilibre budgétaire dans un délai de cinq années ».

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