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Plan d’action d’Ouyahia : un programme électoral pour préparer 2019

Plan d’action d’Ouyahia : un programme électoral pour préparer 2019

Sidali Djarboub / NEWPRESS

En présentant son plan d’action devant les députés ce dimanche matin, Ahmed Ouyahia n’avait pas l’air de quelqu’un qui était venu pour annoncer de mauvaises nouvelles, comme on le redoutait, ou préparer le terrain pour un « sale boulot ».

Bien au contraire : tout au long de son intervention, le Premier ministre avait l’air de dire : « Le pire est derrière nous et le meilleur est à venir ». Il le disait avec le sourire, presque avec fierté : l’Algérie a trouvé la parade à la crise, c’est la planche à billets.

Dans son discours, Ahmed Ouyahia a défini les contours de ce projet et, à travers lui, esquisser ce que vont être les priorités de l’Exécutif durant les prochains mois.

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Premier enseignement : la Banque d’Algérie va devoir « fabriquer » massivement des billets. Le Premier ministre a chiffré à environ 20 milliards de dollars par an pendant quatre à cinq ans les besoins en financements pour combler le déficit budgétaire, renflouer les banques qui manquent d’argent, relancer certains projets et même payer les créances de plusieurs entreprises publiques, dont Sonatrach et Sonelgaz, en souffrance depuis quelques années. Ces deux groupes attendent des remboursements de respectivement 9 milliards et 6 milliards de dollars, soit un total de 15 milliards de dollars.

Une partie de cet argent ira également au financement de la politique sociale du pouvoir, à commencer par l’habitat : 1,6 million de nouveaux logements à construire d’ici 2019.

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Les dispositifs d’aide à l’emploi et à la création d’entreprises seront également maintenus à un niveau élevé. « L’Ansej financera un minimum de 23.000 projets pour chacun des exercices 2018 et 2019 avec un impact de création de près de 150.000 emplois par année. Pour la Cnac, il s’agira d’accompagner le lancement de plus de 30.000 projets sur la période 2018-2019 avec la création de près de 80.000 emplois », précise le document.

Dans son discours, Ahmed Ouyahia a laissé entendre que le système actuel des subventions sera maintenu au moins durant une certaine période. « Les subventions publiques directes ou indirectes feront l’objet d’une rationalisation précédée d’une bonne préparation, pour éviter les injustices et les incompréhensions », a-t-il dit.

« En attendant la finalisation de ce dossier au niveau des administrations publiques, puis les consultations dont il fera l’objet, l’ensemble des subventions en place sur les produits de base, demeureront en vigueur », a-t-il dit. Autant dire pas avant 2019.

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Enfin, Ahmed Ouyahia n’a annoncé aucune décision concernant une réduction du train de vie de l’État. Il a vaguement promis des « réformes ». Par ailleurs, il a décidé de maintenir la politique actuelle en matière d’importations, même si le système des licences a déjà montré ses limites.

En résumé, le gouvernement va faire appel à la planche à billets pour financer une politique sociale coûteuse, tout en maintenant le train de vie de l’État à son niveau actuel. À aucun moment, il n’est question d’austérité. À aucun moment, Ouyahia n’a dit comment le Trésor allait rembourser la Banque d’Algérie et surtout à quelle échéance.

Faire appel à la planche à billets sans mener en parallèle des réformes sérieuses avec une politique de rigueur budgétaire est suicidaire. Des choix qui ne feront qu’aggraver la situation. Pour éviter une dévaluation forte du dinar, le gouvernement n’aura d’autre choix que de vider les réserves de change. Dans ces calculs, l’Exécutif semble faire un pari risqué : le maintien des prix du baril à un niveau supérieur à 55 dollars en 2018 et 2019.

À moins de deux ans de la présidentielle de 2019, le plan d’Ouyahia ressemble à s’y méprendre à un programme électoral destiné à permettre à l’actuel chef de l’État de briguer tranquillement un cinquième mandat ou son éventuel successeur d’être élu, loin de toute agitation. Pour les Algériens, les vrais difficultés vont commencer après 2019.

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