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Sahara occidental : pourquoi l’Algérie n’a pas participé au vote au Conseil de sécurité

L’Algérie n’a pas voté la résolution américaine sur le Sahara occidental. Son représentant à l’ONU Amar Bendjama a longuement expliqué les raisons.

Sahara occidental : pourquoi l’Algérie n’a pas participé au vote au Conseil de sécurité
L’Algérie n’a pas participé au vote de la résolution sur le Sahara occidental alors que la Russie, la Chine et le Pakistan se sont abstenus / Par NATALIA / Adobe Stock
Riyad Hamadi
Durée de lecture 3 minutes de lecture
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Le Conseil de sécurité a voté vendredi une résolution sur le Sahara occidental. L’Algérie n’a pas participé au vote alors que la Russie, la Chine et le Pakistan se sont abstenus.

La résolution prolonge le mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) et considère qu’« une véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait représenter la solution la plus réalisable ».

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La résolution ne reconnaît pas explicitement la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental comme le voulait le Maroc et le prévoyait le texte initial, mais les États-Unis qui l’ont rédigé y ont introduit pour la première fois le plan d’autonomie.

L’Algérie a déployé d’importants efforts diplomatiques pour réviser le texte initial qui était favorable au Maroc, mais les États-Unis ont maintenu la référence au plan d’autonomie dans le texte final.

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Lors du vote, l’Algérie a choisi de ne pas y participer. Le représentant permanent algérien auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a longuement expliqué les raisons.

« Mon pays n’a pas participé au vote sur ce projet de résolution (…) Par cette absence, et en toute responsabilité, l’Algérie a tenu à illustrer sa prise de distance avec un texte qui ne reflète pas fidèlement et qui ne reflète pas suffisamment la doctrine onusienne en matière de décolonisation », a expliqué d’emblée le diplomate algérien.

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Le peuple sahraoui ignoré

Amar Bendjama a rappelé, à ceux qui l’ont peut-être oublié, que « c’est la mise en œuvre de cette doctrine qui a permis à de nombreuses nations d’être représentées ici parmi nous, à l’Organisation des Nations unies ».

« Faut-il rappeler cette évidence ? », a-t-il lancé dans son discours repris par l’agence APS. À l’adresse de ceux qui décident d’octroyer un territoire qui ne leur appartient pas à un pays colonisateur, le diplomate algérien a rappelé une autre évidence : « La décision finale sur leur avenir ne peut et ne doit appartenir qu’aux peuples encore sous domination coloniale ». Et dans la résolution américaine, l’avis du peuple sahraoui a été ignoré.

L’Algérie s’est engagée de « bonne foi, et avec un esprit constructif, dans la négociation du texte qui nous a été proposé », a-t-il expliqué.

Amar Bendjama a souligné les améliorations apportées au texte initial, puisqu’il rappelle « les paramètres fondamentaux d’une solution juste et durable au conflit du Sahara occidental » et « consacre le droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination ». Il engage le Maroc et le Front Polisario dans des « négociations de bonne foi et sans conditions préalables, sous l’égide des Nations unies ».

Malgré cela, le texte « souffre encore d’insuffisances », a regretté Amar Bendjama. Le cadre « étriqué de la négociation proposée, qui met en avant une option par rapport aux autres, empêche la créativité et la flexibilité nécessaires de se déployer pour faire aboutir un accord librement consenti en application de la doctrine de l’ONU en matière de décolonisation », a affirmé M. Bendjama.

« Occasion ratée »

« De plus, ce texte organise un déséquilibre entre les deux parties en conflit en mettant l’accent seulement sur l’ambition territoriale de l’une et passant sous silence les aspirations de l’autre, en l’occurrence le peuple sahraoui qui revendique la liberté », a-t-il relevé.

« La preuve, ce texte ignore les propositions du Front Polisario, pourtant transmises tout récemment encore au Secrétaire général des Nations unies et au Conseil de Sécurité », déplore Amar Bendjama qui rappelle que le Front Polisario est « une partie au conflit et son opinion doit être entendue, sinon prise en considération ».

M. Bendjama a pointé aussi les faiblesses juridiques du texte voté par le Conseil de sécurité. « Imaginez que ce cadre soit reproduit dans d’autres zones de conflits, en Europe, aux Amériques, en Asie et en Afrique. C’est alors l’un des piliers principaux de l’édifice même de l’ordre international qui s’en trouvera dangereusement fissuré », a-t-il dit.

Pour Amar Bendjama, il s’agit d’une « occasion ratée ». « Nous regrettons que l’initiative du président Trump d’apporter la paix et la détente dans notre région, initiative qui a suscité intérêt et espoir, ne puisse prendre son envol convenablement avec le soutien actif de toutes les parties prenantes. En effet, cette résolution ne crée pas, pas encore, le momentum et les conditions nécessaires pour sa réussite. Une réussite où tout le monde est gagnant, qui ne laisse ni vainqueur, ni vaincu ».

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