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Vaccination, immunité collective, AstraZeneca : Entretien avec Bekkat Berkani

Vaccination, immunité collective, AstraZeneca : Entretien avec Bekkat Berkani

Le Dr Mohamed Bekkat Berkani, considère que l’Algérie devrait « probablement  prendre des mesures conservatoires » à son tour, dans le sillage de la suspension du vaccin anti-Covid AstraZeneca dans plusieurs pays.

La campagne de vaccination contre la Covid-19 se poursuit en Algérie mais avec un rythme très lent. Qu’en pensez-vous ?

Écoutez, c’est un véritable constat que la campagne de vaccination se déroule avec un rythme lent, tout simplement par manque de produit vaccinal.

Et cela malgré tous les efforts déployés en particulier par le Premier ministère et les ministères de souveraineté, pour obliger les pays notamment ceux avec lesquels nous avons des intérêts croisés, économiques et politiques, à nous fournir des vaccins.

Nous sommes dans une situation de pseudo-pénurie. Finalement, la campagne vaccinale est minimale, les centres vaccinaux sont dans l’attente de doses de vaccins.

« Nous sommes dans une situation de pseudo-pénurie »

Les autorités ont annoncé la réception de 700 000 doses la semaine passée, mais pour l’heure il n’y a rien…

Vous savez, il y a actuellement dans le monde une tension sur ces vaccins. Des pays, voire des continents entiers sont en train de faire pression sur les producteurs.

Il est clair que la vaccination est la solution pour espérer éradiquer la Covid-19. L’Algérie, il faut le reconnaitre, s’est installée assez tardivement sur le marché de l’acquisition des vaccins. Et ce pour des raisons multiples qui sont à analyser.

Finalement, c’est la règle du premier venu premier servi qui a prévalu. Actuellement, des efforts sont déployés par les hautes autorités pour essayer de convaincre les pays et les labos producteurs des vaccins à nous en fournir des doses.

Ceci dit, il est heureux de constater que nous sommes dans une certaine aisance – une pause-épidémique et vous constatez que le nombre de cas quotidien de Covid-19 n’est pas très élevé.

Nous aurions dû profiter de cette pause pour vacciner le plus rapidement possible le plus grand nombre de nos concitoyens.

Certains experts disent que l’Algérie a atteint l’immunité collective. Quel est votre avis ?

Écoutez, nous avons émis cette hypothèse, il y a déjà un certain temps quand nous avions remarqué que le nombre de cas positifs avait tendance à être minime, en passant en dessous de 200 cas quotidiens avec des services hospitaliers Covid presque vides et un nombre de décès pratiquement dérisoire.

Ce qui, sur le plan épidémiologique, est assez maîtrisable. L’explication à laquelle je souscris ainsi que pas mal d’experts, c’est que nous avons fait une immunité collective de par la maladie.

C’est-à-dire qu’aux mois de novembre-octobre-décembre derniers, quand les hôpitaux étaient sous tension, les Algériens avaient fait des formes Covid qu’elles soient évidentes ou asymptomatiques.

Et donc, ils auraient acquis une résistance au virus. Avec les mesures prises par les autorités (fermeture des frontières), l’Algérie est restée en autarcie, chose qui a participé à générer une immunité qui a été globale. Il faudrait faire des enquêtes épidémiologiques pour voir le taux d’anticorps chez nos concitoyens.

« Nous avons remarqué l’indiscipline de nos compatriotes »

Cela est-il suffisant pour relâcher les mesures barrières ?

Encore une fois, cette situation n’est que transitoire : nous avons remarqué l’indiscipline de nos compatriotes qui ont tendance à abandonner les gestes barrières, un geste dommageable et qui risque de nous coûter un rebond de la maladie.

La seule solution, c’est d’acquérir cette immunité de par la vaccination. Dans tous les pays du monde, c’est la course aux vaccins et l’Algérie ne peut pas rester en retrait.

L’Algérie a acquis des lots de trois vaccins, le russe Spoutnik V, le chinois Sinopharm et l’anglo-suédois AstraZeneca (AZ). Jusqu’à ce mardi, au moins dix pays ont suspendu la vaccination avec le vaccin AstraZeneca. Dans le cas de l’Algérie, la vaccination avec ce vaccin se poursuit. Faut-il suspendre la vaccination avec ce vaccin ?…

La suspension de la vaccination avec l’AstraZeneca est conservatoire et de précaution (l’Agence européenne du médicament rendra sa décision jeudi, ndlr).

L’Algérie devrait être à l’écoute des conclusions, à la fois du fabricant AstraZeneca mais aussi des pays qui utilisent le sérum à plus large échelle.

Je vous cite comme exemple la Grande-Bretagne qui utilise pratiquement que de l’AstraZeneca. Est-ce que les effets secondaires sont très étendus ? Je pense que le principe de la précaution devrait être adopté.

Et là aussi, c’est le rôle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de donner son opinion sur ce principe de suspension tout à fait provisoire puisqu’on parle de quelques jours. Nous devrions probablement prendre des mesures conservatoires à notre tour.

L’Algérie a enregistré 13 cas du variant anglais et 13 autres du variant nigérian du Covid. On sait que ces variants se propagent rapidement. Pour le Ramadan, que proposez-vous concernant les prières de tarawih… ?

Les recommandations qu’on doit donner à nos concitoyens, c’est de ne pas abandonner les gestes barrières (port du masque, distanciation, etc.) qui sont oubliés en rapport à l’aisance sur la situation épidémiologique que nous vivons.

On a tendance à croire que l’épidémie est derrière nous, c’est absolument faux. En ce qui concerne tous les regroupements de masses, ils doivent obéir strictement à des protocoles sanitaires précis.

En particulier pendant le Ramadan où vous avez des regroupements dans les marchés, après le f’tour… Il faudrait que le protocole sanitaire soit rigoureux. Rappelons-nous que le respect des protocoles sanitaires nous avait épargné une véritable catastrophe sanitaire.

Dernière chose, êtes-vous toujours membre du comité scientifique de suivi de la Covid ?

Le comité scientifique avait été installé au début de l’épidémie par le ministre de la Santé sur décision du président de la République, et à ma connaissance il n’y aucune décision contraire me concernant ni sur la composante du comité scientifique.

Je considère que je suis toujours membre du comité de lutte anti-Covid auquel j’ai contribué grandement et totalement, par devoir, pendant toute l’épidémie. Il semblerait qu’il y ait un communiqué du ministère de la Santé, mais je n’ai eu connaissance d’aucun écrit me concernant.

| Lire aussi : Suspension du vaccin AstraZeneca : ce que pensent les spécialistes en Algérie

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