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L’Arabie saoudite veut s’imposer en leader sunnite du monde arabe

L’Arabie saoudite veut s’imposer en leader sunnite du monde arabe

L’Arabie saoudite a obligé, par plusieurs moyens de pression, l’Égypte, le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Yémen et la Libye à rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Cette rupture ressemble à un blocus. Les alliés de Riyad ont fermé les frontières terrestres avec le petit Émirat, interdit le survol des avions civils qataris et déclaré illégal le déplacement de leurs ressortissants au Qatar.

Ce blocus, qui est un acte de guerre, risque d’évoluer en conflit ouvert dans une zone instable. Riyad n’a pas apprécié l’attitude réservée du Koweït qui a gardé ses relations avec le Qatar, comme le Sultanat d’Oman. Le Roi Salmane d’Arabie saoudite a envoyé un de ses conseillers au Koweït pour essayer de convaincre cette monarchie de rejoindre le front anti-Qatar. Mais, l’émir Ahmed Assabah du Koweït, connu par sa sagesse politique, a proposé une médiation entre Riyad et Doha pour essayer d’apaiser la tension et de régler la crise.

Trump s’en mêle

Le président américain, Donald Trump, a réagi en moins de vingt-quatre heures en donnant raison à l’Arabie saoudite et ses alliés. « Nos partenaires signalent que le Qatar finance les extrémistes. Lors de mon dernier voyage dans la région du Golfe, j’ai parlé de l’idéologie radicale. En fait, je parlais du Qatar », a-t-il écrit dans un tweet. Il confirme donc que l’initiative prise par Riyad était venue sur proposition de Washington.

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Le paradoxe est que les États-Unis possèdent l’une des plus grandes bases aériennes au monde au Qatar. Trump va-t-il joindre le geste à la parole en fermant la base d’Al-Udeid ? Fermer cette base risque de chambouler toute la stratégie militaire américaine dans cette région. Le 21 mai, à Riyad, Donald Trump a appelé les pays arabes et musulmans à « isoler » l’Iran, qu’il a accusé de « soutenir le terrorisme ». Les mêmes arguments sont utilisés par Riyad et ses alliés pour « isoler » le Qatar, accusé d’entretenir des liens avec l’Iran mais également avec les Frères musulmans égyptiens et le Hamas palestinien. L’Égypte considère l’organisation des Frères musulmans, d’où est issu le président déchu Mohamed Morsi, comme une organisation terroriste. Les États-Unis et Israël ont placé le Hamas palestinien sur la liste des groupes terroristes. Tel-Aviv a d’ailleurs sauté sur l’occasion pour proposer une offre de service aux pays arabes.

L’offre de Lieberman

Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères israélien, a estimé que l’isolement du Qatar ouvrait la porte à une coopération avec les pays arabes et Israël dans la lutte contre le terrorisme. « Même les États arabes comprennent que le danger réel sur la scène régionale ne vient pas d’Israël, des juifs ou du sionisme mais du terrorisme », a-t-il dit.  

La sémantique israélienne à propos du « terrorisme » est extensible à des mouvements tels que le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanaisTel Aviv se dit prêt à participer « à une coalition contre le terrorisme », évoquée lors de la visite de Trump à Riyad.  

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Couvert par le parapluie américain, l’Arabie saoudite entend jouer le rôle de leader sunnite dans les pays arabes et musulmans en imposant ses visions. Et, à ce titre, le Royaume wahabite veut que tous les pays de la région adoptent le même langage guerrier à l’égard de l’Iran et des mouvements chiites en Irak, en Syrie, au Bahreïn et au Liban. Comme le Qatar est une puissance médiatique, diplomatique et énergétique rivale dans la région, ce pays devait être neutralisé dans la stratégie de conquête belliqueuse de Riyad.

Le Qatar a des positions moins figées par rapport à certains dossiers comme le rapport à la Russie, les relations avec la Turquie et l’Iran. L’offensive saoudienne pourrait toucher d’autres pays comme l’Algérie qui a les meilleurs rapports politiques et économiques avec l’Iran dans le monde arabe, après la Syrie. L’Algérie a toujours veillé à garder une position équilibrée entre Riyad et Téhéran. Cependant, Alger a refusé de faire partie de la coalition créée par l’Arabie saoudite pour lutter contre le terrorisme, perçue comme « un conglomérat sunnite » anti-chiite. Donc, il s’agissait plus d’un mécanisme politique qu’un instrument opérationnel. Dans les années 1990, l’Algérie avait accusé l’Arabie saoudite et l’Iran de soutenir les groupes terroristes, ce qui avait plongé les relations avec ces deux pays dans une période de froid.

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