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Le gouvernement face à la montée de la contestation sociale

Le gouvernement face à la montée de la contestation sociale

Akram / NEWPRESS
De nombreux secteurs et des pans de la population sont gagnés par la fièvre de la contestation (des usagers qui bloquent les routes à Bejaia pour contester la hausse des prix du transport, des taxieurs qui protestent contre l’anarchie à Azzaba, des souscripteurs aux logements à Tizi-Ouzou...)

Face à la détermination des médecins-résidents à poursuivre leur mouvement de protestation, entamée depuis plusieurs semaines déjà, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que de recourir aux instances judiciaires. Ce mercredi, le tribunal administratif de Bir-Mourad Raïs a jugé « illégale » la grève des médecins résidents. Statuant en référé, le tribunal administratif a également ordonné l’évacuation des lieux occupés par les grévistes.

Avant-hier lundi, le tribunal administratif d’Alger a statué sur la grève cyclique de trois jours engagée pour la deuxième semaine consécutive par le syndicat algérien des paramédicaux (SAP). « Statuant en référé, le tribunal administratif d’Alger a prononcé, lundi, l’illégalité de la grève cyclique initiée par le Syndicat algérien des paramédicaux », a indiqué le ministère de la Santé dans un communiqué.

Avant de mettre en garde les grévistes : « S’agissant d’une grève déclarée illégale par la justice, ceux qui se déclarent en grève et ne rejoignent pas leur poste de travail sont en réalité en situation juridique d’abandon de poste et s’exposent à des mesures administratives diverses, à commencer par les retenues sur salaire non plafonnées ».

Le même jour, c’est la grève du personnel navigant commercial déclenchée dans matinée qui a été déclarée illégale par la justice. « Le jugement rendu lundi aux environs de 16h00 fait obligation au personnel gréviste de ne pas entraver le fonctionnement des services de la compagnie. Le jugement intervient suite à l’action en justice introduite par Air Algérie près le tribunal territorialement compétent de Dar El Beida. Suite à cette décision, toutes les mesures nécessaires seront prises à l’encontre des travailleurs grévistes », s’est félicitée la compagnie nationale.

À ce rythme, rien ne dit que d’autres mouvements de protestations ne seront pas « visées » par la justice. Surtout que des grèves sont annoncées pour les prochaines semaines, notamment dans le secteur de l’éducation.

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Pourtant, en vertu de l’article 71 de la Constitution, le droit de grève est reconnu et garanti. « Il s’exerce dans le cadre de la Loi », précise la disposition. Aussi, les articles 39, 48, 49 proclament la garantie successivement de « la défense individuelle ou associative des droits fondamentaux de l’Homme et des libertés individuelles et collectives », « les libertés d’expression, d’association et de réunion » et « la liberté de manifestation pacifique (…) dans le cadre de la loi qui fixe les modalités de son exercice ».

Pourquoi alors ces « entraves », pour ne pas dire des « atteintes » à la Constitution ? En s’« invitant » dans les conflits sociaux, la justice veut visiblement, et à travers elle le gouvernement, dissuader toute velléité de contestation. Surtout que le syndrome de la contagion n’est pas à exclure dans ce contexte de crise économique que ne manquera pas d’exacerber l’inflation galopante, la montée du chômage, la dégradation du pouvoir d’achat, le tout sur fond de luttes en sourdine en perspective de l’élection présidentielle de 2019.

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Faute de pouvoir acheter la paix sociale, comme par le passé en raison des difficultés financières, malgré le maintien des transferts sociaux, le gouvernement redoute la montée des tensions à mesure qu’approche l’échéance électorale. « Le ralentissement profond que traverse l’Algérie commence à avoir des répercussions sur le plan social », notait mardi la Coface. Déficits publics conséquents, accélération de l’inflation, ralentissement de la croissance, chômage de plus en plus élevé chez les jeunes et risques accrus de tensions et de contestations sociales sont autant d’observations de la compagnie française d’assurance.

Mais le gouvernement réussira-t-il à contenir la colère à travers les « instruments » de la force publique lorsqu’on constate que de nombreux secteurs et des pans de la population sont gagnés par la fièvre de la contestation, comme ces usagers qui bloquent les routes à Bejaia pour contester la hausse des prix du transport, les taxieurs qui protestent contre l’anarchie à Azzaba et les souscripteurs aux logements à Tizi-Ouzou ? Seule l’ouverture des canaux de dialogue et de communication et le respect de l’exercice démocratique des libertés sont à même de consolider la paix sociale.

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