Avec sa position géographique stratégique et ses riches ressources naturelles, l’Algérie peut s’imposer parmi les acteurs majeurs de l’exportation durable en tirant parti de ses atouts.
Elle pourrait également devenir le partenaire idéal pour répondre à la demande croissante en fruits et légumes en Europe, à l’heure ou le Vieux Continent semble intensifier ses efforts pour « réduire » son empreinte carbone et garantir la durabilité de ses échanges commerciaux.
Capacités de production, intérêt pour les produits algériens, et régulation de l’exportation, voici le potentiel d’exportation de l’Algérie vu par Toufik Hadkeheil, expert et professionnel dans le domaine.
Exportations agricoles algériennes vers l’Europe : décryptage des enjeux et opportunités
Dans un entretien avec le quotidien El Watan, Toufik Hadkeheil, président du Caflex, Cluster algérien des fruits et légumes à l’export, analyse les défis et les perspectives que peut avoir l’Algérie sur le marché agricole européen.
D’après lui, « les produits agricoles algériens sont demandés dans toute l’Europe », notamment en hiver, où la production a tendance à chuter en raison de la saisonnalité, contrairement en Algérie, où le climat plus clément permet des productions à l’année et en très grandes quantités.
« N’oublions pas que l’Algérie naguère était surnommée le grenier de l’Europe. Ce qui signifie qu’en saison hivernale, notre pays alimentait toute l’Europe », rappelle l’expert.
Il poursuit en affirmant : « Tous les produits agricoles algériens sont prisés, la preuve en est la forte demande qui existe ».
Alors que l’Espagne peine à fournir le continent en raison de défis climatiques et que la Hollande fait face au défi de l’énergie trop coûteuse, l’Algérie apparaît comme l’alternative parfaite.
« L’Algérie est un pays pivot entre deux continents qui a beaucoup à apporter en termes d’exportations agricoles, puisque nos terres sont d’excellentes qualité vu qu’elles sont enrichies avec de l’engrais naturel, et nous disposons d’un taux d’ensoleillement de 300 jours par an, sans oublier presque 10 millions d’hectares de surfaces agricoles utiles, sans parler d’autres avantages, à l’image de la proximité avec l’Europe », explique le président du Caflex.
« L’Algérie dispose de toutes les qualités pour être un partenaire de choix »
Les produits agricoles algériens sont conformes à la réglementation européenne. D’après l’expert, « aucun produit n’a été rejeté pour non-conformité avec la réglementation européenne sur le plan phytosanitaire », saluant au passage le « travail extraordinaire » des ingénieurs agronomes algériens, qui est reconnu mondialement.
Autre sujet algérien mondialement reconnu : la datte Deglet Nour. « C’est un produit de renommée mondiale, qui est unique… Ce produit est essentiellement exporté vers la France pour être re-dispatché vers l’ensemble des pays européens », expose le professionnel de l’export.
Analysant la situation dans son ensemble, il estime que « l’Algérie dispose de toutes les qualités requises pour être un partenaire de choix afin de redevenir le grenier alimentaire de l’Europe », et ce, en raison de la proximité du pays avec le continent, leur histoire commune, ainsi que des goûts alimentaires similaires, dont le régime méditerranéen.
En somme, un potentiel immense qui le fait tabler sur un partenariat d’exportation durable : « Toutes les raisons citées précédemment font que l’Algérie est le partenaire idoine pour une exportation durable ».
L’affaire El Mordjene cache « d’énormes enjeux économiques »
Si les produits algériens sont si conformes aux réglementations européennes, pourquoi la pâte à tartiner El Mordjene s’est retrouvée interdite d’import et de commercialisation en Europe, demande la rédaction d’El Watan à Toufik Hadkeheil, lequel explique :
« Cette pâte à tartiner est victime des accords d’association avec l’Union européenne. En effet, lors des négociations, on nous a demandé de ne pas exporter de produits issus de l’alimentation animale, à l’image du miel, ou de produits issus du lait de vache ».
D’après lui, El Mordjene ne devrait pas être interdite en Europe, étant donné que le lait qui entre dans composition provient de France, « mais il faut savoir que d’énormes enjeux économiques se cachent sous cette histoire de pâte à tartiner ».
Tout à ses révélations, il confie : « Les Européens viennent de se rendre compte que s’ils ne freinent pas l’Algérie dans son essor, de lourdes conséquences risquent d’arriver dans les années à venir, pour la simple raison que nous avons une énergie pas chère et la possibilité de produire et d’inonder l’Europe de toutes formes de produits ».