Les bombardements intensifs israéliens contre Gaza qui ont repris le 18 mars dernier après la rupture unilatérale de la trêve par Israël, plongent l’enclave palestinienne dans l’horreur.
« C’est un champ de morts », a dénoncé le Secrétaire général de l’ONU António Guterres mercredi, en soulignant que les populations civiles sont soumises à un embargo total de la part d’Israël.
« Alors que l’aide s’est tarie, les vannes de l’horreur se sont rouvertes », a-t-il dénoncé, mais les mots forts du SG de l’ONU pour décrire et alerter sur la situation à Gaza ne suffisent pas pour arrêter le massacre des Palestiniens.
En visite en Égypte, Macron constate l’horreur à Gaza
Et alors que le président Emmanuel Macron était en territoire égyptien, à quelques encablures de Gaza, l’attitude timorée de la France vis-à-vis des crimes d’Israël est critiquée à Paris même où des députés de La France Insoumise (LFI) sont montés au créneau.
Emmanuel Macron a achevé, mardi 8 avril, une visite de deux jours en Égypte qui l’a mené jusqu’à la lisière de la bande de Gaza. Dans un hôpital d’El Arich (Sinaï égyptien), il a constaté l’horreur de la guerre à travers les Palestiniens mutilés par l’agression israélienne. Le président français, comme depuis le début de la guerre, n’a pas pu vraiment hausser le ton contre Israël.
Le voyage de 48 heures du président français n’a pas constitué un grand virage dans son attitude vis-à-vis du conflit.
France : le geste fort des députés du LFI en soutien à Gaza
À Paris, les députés LFI ont fait mardi un grand bruit à l’Assemblée pour dénoncer le silence face aux atrocités commises par l’armée israélienne à Gaza.
Lors d’une séance de questions au gouvernement, les élus du Parti de gauche ont brandi des affiches montrant les visages d’enfants palestiniens tués à Gaza.
@aymeric.caronIl y a un règlement pour moi qui est largement supérieur au règlement de l’Assemblée nationale et qui devrait tous nous obliger : c’est le droit international.♬ son original – Aymeric Caron
Brandissant l’image d’une fillette palestinienne tuée dans son sommeil, le député Aymeric Caron a indiqué dans sa déclaration que « jamais dans l’histoire récente, des enfants n’ont été massacrés en si grand nombre ».
« Et, comme nos enfants, ils ont un nom, ils ont un visage, ils ont une vie à vivre », a-t-il ajouté. « Gaza est en train de devenir un camp de concentration, où le niveau de barbarie déployé par l’armée israélienne est tel qu’on doit énoncer des à-peu-près pour décrire le bilan du génocide en cours », a fustigé le député LFI, dénonçant « les complices » qui sont « nombreux » dans l’hémicycle. Les députés de droite et du Rassemblement national (RN) ont hué l’action des Insoumis.
Devant les journalistes, Caron a réitéré que ce qui se passe à Gaza « est une honte absolue ». « Ce que nous faisons depuis un an et demi, c’est dénoncer le calvaire des Palestiniens depuis un an et demi, en dehors de tout respect du droit international », a-t-il appuyé.
La France pourrait reconnaître un État palestinien en juin
Au Caire et dans le Sinaï, Emmanuel Macron avait réitéré les grands principes humanitaires qui doivent prévaloir pour parvenir à la fin de la guerre et secourir la population civile.
Il a appelé à un nouveau cessez-le-feu et au déblocage de l’aide humanitaire, a réitéré son soutien à l’établissement d’un État palestinien et a exprimé sans ambiguïté son rejet du plan de Donald Trump de déplacer la population de Gaza. Macron a dit soutenir le plan arabe prévoyant le retour de l’autorité palestinienne à Gaza, sans le Hamas.
Sans même fouler le sol de Gaza, il a pu constater la situation qu’il a qualifiée d’ « intenable » des Palestiniens en se rendant, avec son homologue égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, à El Arich, une ville égyptienne à une cinquantaine de kilomètres de l’enclave palestinienne martyrisée.
Sur place, Macron a rencontré les blessés palestiniens, dont beaucoup de mutilés.
Dans une déclaration devant la presse, Emmanuel Macron a semblé affecté par ce qu’il a vu.
« Après des mois et des mois de bombardements, d’une guerre terrible, des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie, vous avez des dizaines de milliers d’enfants qui sont mutilés, sans famille », a-t-il dit.
Dans des déclarations à France 5 diffusées ce mercredi 9 avril, Macron a fait savoir que la France pourrait reconnaître un État palestinien en juin prochain à l’issue d’une conférence qui sera organisée à New York avec l’Arabie Saoudite. Le plan du président français inclut la reconnaissance d’Israël par de nombreux États arabes.
En dehors de LFI, de nombreux observateurs ont noté qu’en Égypte, le président français n’a pas tapé sur Israël et le gouvernement de Benyamin Netanyahou comme l’appelle l’horreur qu’il a constatée de visu.
Sur X, le journaliste du Point Armin Arefi a eu cette remarque très pertinente en commentaire de la déclaration faite par Macron à El Arich : « Exploit du président de la République qui a réussi à ne pas prononcer une seule fois le nom d’Israël dans ses 3 minutes de description du blocage de l’aide humanitaire à Gaza. »
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur de ce monde », a fustigé le grand reporter.
EXPLOIT du président de la République qui a réussi à ne pas prononcer une seule fois le nom d’Israël dans ses 3 minutes de description du blocage de l’aide humanitaire à Gaza 👏.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur de ce monde ».pic.twitter.com/zltPmpn8U7
— Armin Arefi (@arminarefi) April 9, 2025
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