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Qui veut la peau de Tebboune ?

Qui veut la peau de Tebboune ?

Que se passe-t-il au sommet de l’État ? Une semaine après l’épisode du cimetière d’El Alia, une nouvelle affaire éclate où le Premier ministère est de nouveau malmené.

Alors que la première manche de ce qui ressemble à un processus de destitution de Tebboune n’a pas encore livré ses secrets, des médias réputés proches de la présidence de la République s’attaquent violemment au Premier ministre, l’accusant de manque de loyauté envers le président Bouteflika. Ces médias reprochent à Tebboune d’avoir rencontré de manière informelle son homologue français, sans avoir informé au préalable la présidence de la République.

Un autre indice est venu renforcer la thèse d’un malaise au sommet de l’ÉTat. Hier, le JT de 20 heures de l’ENTV a zappé la rencontre entre Tebboune et Edouard Philippe, alors que d’habitude, ce genre de rencontres, mêmes informelles, bénéficient d’une large couverture médiatique de la part des médias publics lourds. C’est d’autant plus surprenant de la part de l’ENTV que la rencontre a fait l’objet d’un communiqué officiel du Premier ministère. En somme, Tebboune a été censuré par la télévision publique.

Le JT de 20 heures de l’ENTV, dont le contenu est contrôlé par la présidence de la République, est un baromètre fiable pour interpréter certains signaux codés des décideurs. Et ce qui s’est passé hier conduit à une conclusion : quelqu’un de puissant veut la tête de Tebboune. Ce n’est certainement pas le président de la République, qui n’a pas besoin d’une quelconque campagne, pour limoger son Premier ministre.

Dans un contexte trouble marqué par la maladie du chef de l’État, les regards sont pointés vers le frère du président de la République. Saïd Bouteflika semble être le chef d’orchestre de cette campagne de destitution de Tebboune, qui semble désormais irréversible. Les jours du Premier ministre paraissent comptés et les rumeurs sur son remplacement prennent chaque jour un peu plus d’épaisseur. On évoque même des consultations en haut lieu pour lui trouver un remplaçant.

Pourquoi le Premier ministre est-il devenu subitement une personne gênante pour le frère du Président ? La première explication est que Tebboune aurait cherché s’émanciper de la tutelle de Saïd Bouteflika qui n’a pas été d’accord avec sa nomination comme Premier ministre. L’autre explication, moins plausible, est que le Premier ministre a décidé de faire cavalier seul et de se positionner dans le processus de succession de Bouteflika.

Dans les deux cas, le frère du Président, qui multiplie les apparitions publiques ces derniers mois, ne pouvait pas rester les bras croisés. Et comme l’affaire Haddad est trop risquée politiquement pour justifier à l’opinion le limogeage de Tebboune, à moins de faire du Premier ministre une victime des forces de l’argent, il fallait un dossier beaucoup plus lourd et surtout compromettant. Cette visite en France et la rencontre avec Edouard Philippe – pourtant organisée depuis Alger – tombe au bon moment.

Comme lors du premier épisode où un événement imprévu, à savoir l’enterrement de Réda Malek, a donné l’occasion à Saïd Bouteflika d’afficher publiquement son désaccord avec Tebboune, le voyage du Premier ministre en France a ouvert une nouvelle fenêtre de tir aux adversaires du Premier ministre pour le discréditer et justifier son éventuel limogeage.

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