search-form-close
PCR, bavettes, scanners… : le business du Covid-19 en Algérie

PCR, bavettes, scanners… : le business du Covid-19 en Algérie

L’Algérie fait face à flambée des cas de Covid-19 depuis plusieurs jours. Alors que des Algériens infectés luttent contre le virus, d’autres en profitent pour se remplir les poches.

A Alger, devant les laboratoires d’analyses et les centres d’imagerie, les queues et les attentes de personnes, s’allongent. Il faut souvent prendre un jeton et attendre patiemment son tour.

Cela peut durer deux heures, peut-être même au-delà, tellement ça se bouscule aux portillons. Les tarifs des tests de dépistage du Covid-PCR oscillent entre 7000 et 15 000 dinars.

En ces temps de crise sanitaire, les pharmacies sont également prises d’assaut.  Masques chirurgicaux, solutions hydroalcooliques, visières, compléments alimentaires, notamment le Zinc et la vitamine C, pour booster le système immunitaire, se vendent comme des petits pains.

| Lire aussi : Covid-19 : pourquoi l’Algérie utilise de moins en moins la chloroquine

Sur Internet, les annonces de vente et de location de concentrateur d’oxygène et d’oxymètre, foisonnent. Entre dépistage et moyens de protection, le business de la pandémie du Covid-19 caracole en haut du podium de l’offre et de la demande, depuis quelques mois en Algérie.

15 000 dinars le test PCR

Juste en face de la structure qui abrite les chèques postaux à la Grande-Poste, à Alger, le laboratoire d’analyses médicales Ait Djebbara est pris d’assaut dès 7 heures du matin.

Une longue chaîne humaine se forme dès le petit matin. Il faut prendre un jeton et faire le pied de grue sur le trottoir où des chaises en plastique ont été disposées. Abla accompagne sa mère pour un test PCR. « Elle a tous les symptômes du Covid. Son médecin traitant nous a prescrit cet examen », nous lance-t-elle. « Cela nous coûtera 15 000 DA. Chaque laboratoire pratique ses propres tarifs. Je me demande comment font les gens qui n’ont pas les moyens de se soigner », ajoute-t-elle.

Labo privé ou étatique, c’est kif kif !

Juste à côté, une jeune femme est affalée sur une chaise. « Cela fait deux heures que j’attends mon tour », nous dit Sabrina (31 ans). « Je viens pour un test sérologique, car je dois m’assurer  que je suis bien guérie de ce virus, avant de reprendre le travail. Cet examen coûte 2500 DA ici. Quand j’ai contracté le Covid, j’ai suivi un traitement  à base d’Azythromicine, de vitamine C, de Zinc et de Doliprane, comme prescrit par mon médecin. Je me suis aussi confinée 14 jours. Tous ces traitements et ces tests ont un prix évidemment. La sécurité sociale ne rembourse pas ces examens, mais fort heureusement, ma mutuelle prend en charge une partie des frais. C’est déjà ça ! », soupire-t-elle.

| Lire aussi : Covid-19 : quelles sont les séquelles constatées chez les patients algériens ?

Covid, maladie pour les riches ?

Nous avons également recueilli le témoignage de Samia (61 ans). « J’ai été sujet contact : mon frère et ma belle-sœur ont été testés positifs. Pour en avoir le cœur net, je me suis rapprochée de l’annexe de l’Institut Pasteur de Sidi Fredj. Cet examen-test PCR m’est revenu à 15 100 dinars, avec facture à l’appui. Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour dire qu’il n’y a pas que le privé qui pratique ces prix exorbitants, comme tout le monde le martèle sur les réseaux sociaux. En pointant du doigt les laboratoires privés, on laisse entendre que cet examen est gratuit dans les structures étatiques. Eh bien non ! Les prix sont les mêmes et parfois encore plus chers ! Le plus incongru dans tout ça, c’est que la Caisse de sécurité sociale ne rembourse pas ces frais. Le citoyen doit se débrouiller seul pour se soigner. La Covid est-elle une maladie pour les riches ? »

| Lire aussi : Médicaments, PCR : ce que coûte la Covid-19 aux Algériens

D’autres soulignent la grande confusion qui règne dans les esprits, due à l’incompréhension quant à l’examen médical le plus approprié pour traiter cette maladie.

« On nous parle de test antigénique, test PCR, scanner, test sérologique… Le citoyen lambda ne comprend rien à ces termes barbares », s’emporte Ahcene (51 ans). « C’est la grande débandade ! A moins d’être un professionnel de la santé, on n’y comprend que dalle. Puisque la pandémie va durer encore, il est nécessaire d’aller vers une campagne de vulgarisation pour que les citoyens s’y retrouvent un peu ! », préconise-t-il.

Scanner thoracique

Autre moyen de dépistage du Coronavirus, le scanner thoracique. A Alger, plusieurs centre médicaux privés le proposent, à l’instar du centre d’imagerie médical Jugurtha (9 800 DA le scanner) et le centre radiologique Agha, face à la gare d’Alger : 10 000 DA.

Naima Charef Khodja travaille comme technicienne en radiologie au sein de cette structure. « Nous recevons beaucoup de malades pour un scanner thoracique », affirme-t-elle. « Cela fait 9 mois depuis que je suis en contact avec des personnes atteintes de ce virus et que je n’ai pas vu les membres de ma famille, par peur de les contaminer. Les gens qui disent que 10 000 DA c’est cher pour un scanner thoracique n’ont qu’à venir prendre ma place. Nous, personnel soignant, sommes exposés à la mort chaque jour. Je plaide aussi pour les labos qui font le test PCR entre 12 000 et 15 000 DA. Les principaux réactifs, blouses, surblouses jetables, désinfectants, gels, masques, etc. ont un coût qu’il faut répercuter pour avoir le juste prix », défend-elle pour conclure.

| Lire aussi : Covid-19 : 120 soignants ont perdu la vie en Algérie

Moyens de protection et concentrateurs d’oxygène

Dans les pharmacies, les ventes de bavettes (à partir de 50 DA/pièce), solutions hydroalcoolique (entre 150 et 400 DA), visières (entre 250 et 500 DA), masque en tissu lavable (200 DA), vitamines C et Zinc (entre 600 et 1 000 DA), occupent le hitparade des ventes ces derniers mois.

| Lire aussi : Covid-19 : l’Algérie va « importer des centaines de milliers de tests PCR »

Pour répondre aux appels de détresse des familles à la recherche de respirateurs et autres concentrateurs d’oxygène, les offres foisonnent sur Internet.

Un simple clic et voilà qu’une farandole de prix s’affiche sur l’écran : Concentrateurs d’oxygène 5 litres à vendre entre 210 000 et 250 000 DA, oxymètres entre 4 500 et 6 000 DA. La location des bouteilles d’oxygène est également proposée (entre 2 000 à 4 000 DA/jour). Les prix ont doublé en quelques jours en raison de la forte demande.

« Nous avons dû louer un concentrateur d’oxygène ambulant quand mon père a contracté le Covid. Nous l’avons traité à la maison et Hamdoulah, il s’en est tiré », nous révèle Ahmed.

Pour leur santé, les Algériens ne lésinent pas sur les moyens. Tous ceux que nous avons rencontrés nous ont confié être prêts à tous les sacrifices pour se soigner, mais ils auraient souhaité être remboursés par la Caisse de sécurité sociale, tant l’ardoise est lourde à porter, surtout lorsque tous les membres d’une même famille sont infectés par ce satané virus.

| Lire aussi : TÉMOIGNAGE. Nassim guéri de la Covid-19 : « Avec des séquelles »

  • Les derniers articles

close