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Vaccination anti-Covid en Algérie : le cafouillage continue

Vaccination anti-Covid en Algérie : le cafouillage continue

A trois jours de la fin de l’échéance fixée par le président de la République pour entamer la campagne de vaccination anti-Covid, l’Algérie attend toujours les doses des vaccins qu’elle a commandées.

On ne peut pas dire que les autorités algériennes ont pris par le bon bout la question de la vaccination anti-Covid, ne serait-ce que parce que la campagne effective n’a pas encore été entamée alors que d’autres pays l’ont fait, et pas seulement ceux comptant parmi les plus avancés et les plus touchés par la pandémie.

Les vaccins commandés par l’Algérie ne sont même pas réceptionnés et aucune date n’est avancée pour l’arrivée des premières doses.

Le discours officiel sur le sujet a changé plus d’une fois, passant de la promesse de figurer parmi les premiers pays qui allaient vacciner leur population, à une prudence excessive pour ne pas faire de mauvais choix et enfin à une course contre la montre pour lancer la vaccination dans un laps de temps record.

Le discours officiel a changé plusieurs fois

Sur le terrain, la situation n’a pas trop bougé.  En novembre dernier, lorsque des laboratoires américains ont annoncé la mise au point de deux vaccins, qui s’ajoutent au Spoutnik-V, les responsables algériens qui se sont exprimés sur le sujet ont montré moins d’ardeur, avec parfois des contradictions publiques criantes.

Au directeur de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire, le Pr Senhadji, qui annonçait à la surprise générale que la vaccination allait commencer en janvier, le ministre de la Santé et le Premier ministre ont rétorqué en prônant la prudence.

« Lorsque nous prendrons la décision, nous devrons des garanties certaines à 100% par respect à notre peuple et nos citoyens, et sur la base du travail scientifique que nous avons entrepris depuis le début de la pandémie (…) Nous devons avoir confiance en nos scientifiques et médecins et en le travail que nous avons accompli depuis le début de la crise sanitaire, un travail méthodique obéissant à une approche rationnelle et scientifique », a déclaré Abdelaziz Djerad le 15 décembre.

Désavoué, le Pr Senhadji a dû tenir un autre discours, annonçant que le début de la vaccination ne se fera pas avant six mois au moins. Tout cela s’est passé en l’absence du président de la République, hospitalisé en Allemagne, et il est important de le souligner.

Le 20 décembre, c’est le coup de théâtre lorsque le chef de l’Etat prend tout le monde de court et ordonne le lancement effectif de la vaccination à partir de janvier.

Le reste des responsables ont bien entendu adapté de nouveau leur discours et c’est le branle-bas de combat pour exécuter l’injonction présidentielle. Le choix est alors officiellement porté le 30 décembre sur le vaccin russe.

Beaucoup avaient cru le challenge jouable au vu de la longue expérience de l’Algérie en matière de vaccination et de la disponibilité de l’infrastructure et de la ressource humaine, d’autres s’étaient montrés plus sceptiques, sachant la complexité de l’opération d’acquérir de grandes quantités d’un produit fortement demandé, dans un marché mondial sous pression.

Le temps semble avoir donné raison aux seconds puisque, à trois jours de l’expiration de l’échéance fixée solennellement par le président de la République, les responsables concernés, du moins ceux qui s’expriment publiquement, ne savent pas plus qu’ils n’en connaissaient il y a un mois, à savoir le type de vaccin retenu.

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Manque d’anticipation

Même sur ce point, c’est de nouveau le cafouillage avec l’annonce de l’adoption d’un deuxième vaccin. Le 13 janvier, le porte-parole du gouvernement a annoncé l’arrivée de quantités d’un vaccin chinois avant la fin du mois, mais l’Algérie n’a toujours rien reçu.

« Ne connaissant ni la quantité de vaccin ni l’origine, n’ayant pas une idée de la date de l’arrivée, on peut difficilement s’organiser », reconnait Dr Bekkat Berkani, président de l’Ordre des médecins et membre du comité scientifique, dans un entretien à TSA, publié mercredi 27 janvier.

« Les Algériens ont besoin de transparence. Même si le vaccin arrive maintenant, on ne va pas commencer la campagne immédiatement : il faut déterminer les priorités, identifier les régions », explique-t-il.

Le Pr Kamel Bouzid, chef du service oncologie au CPMC d’Alger, a pointé le manque d’anticipation, véritable talon d’Achille des autorités algériennes.

« La forte pression sur le vaccin, il fallait l’anticiper. Il aurait fallu anticiper dès le mois de mars, ce que l’Algérie n’a pas fait », a déploré l’éminent professeur, dans un entretien à TSA, publié dimanche 24 janvier.

Le Pr Senhadji était peut-être réaliste en annonçant le début de la campagne au deuxième semestre de l’année, au plus tôt.

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